• vous me faites penser à la pluie, allongées dans mon lit, affalées comme après une insomnie, celle qui reste solide et immuable après l'immense tsunami de secrets que tu m'as dévoilé; c'était la tempête hier dans mes draps bleus comme la mer, bleus comme ceux qui parcourent mon corps - ils vont de sous mes côtes à mon cou qui se tord sous tes dents - ce n'est pas moi qui possède les bleus c'est l'amoureux qui les impose - mais ce n'est pas mon amoureux c'est le secret de quelqu'un d'autre

    vous me faites penser à la pluie à parler sans savoir, sans avouer, à parler sans regrets

    affalées dans la nuit comme après un grand secret

    (mais il y en a eu mille, mille et un - ou aucun, je n'en sais rien, je n'ai jamais rien su, alors pourquoi tout me dire, alors pourquoi tout me demander, juste maintenant, pourquoi dévoiler les secrets, juste maintenant ? vous me faites penser à des plantes, hier petites graines plantées en dedans de mon coeur, aujourd'hui baobabs énormes dont les racines m'enserrent, pourquoi tout me dire maintenant, pourquoi parler sans avouer ? et j'ai ce goût sur la pointe de la langue, c'est un peu de mélancolie assaisonnée de croissance, oui, on grandit, à trois comme toujours, main dans la main dans la main et secrets enferrés au fond de nos nuits, couleur pluie, odeur bleu, enflammées par les bleus du nouvel amoureux dans le cou de la plante)

    ~

    Untitled


    votre commentaire
  •  

     l'encre a fini par sécher au bout de mon stylo - les pages blanches volent, dilettantes, au milieu de mon bureau parsemé de souvenirs - dans un coin des draps, ton odeur rend son dernier souffle - même la sensation de ton corps sur le mien est partie en voyage, aller sans retour qui ne se prend qu'en première classe (pour fuir plus vite, aller plus loin)

    l'encre a fini par sécher au bout de mon stylo, et mon crayon a la mine cassée - comme moi, j'ai la mine cassée et le corps fatigué de naviguer sans cesse à travers tout Lausanne, trempée de la tête aux pieds par tes larmes qui ne cessent jamais - je promène ma mélancolie sur les bords de mer, qui sait, j'avais cru que le sel suturait même les plaies infectées - ou bien est-ce la mélancolie qui me traîne et m'entraîne comme une déracinée ?

    l'encre a fini par sécher au bout de mes doigts, alors je ne tache plus les corps que j'effleure sous des paroles qui ne nous le permettent pas - mais sur le mien tant de paroles défilent en manque d'écoute - mais je manque de tout, je manque de toi, j'ai le manque de toi - l'encre a fini par sécher, le sel s'est évaporé, mes joues respirent et mon corps s'enivre - les pages blanches, origamis goût mélancolie, sont parties pour leur long voyage - dompter la mer, sans but et sans bagages - qui sait, j'avais cru que le sel suturait même les plaies infectées 


    votre commentaire
  •  

    La musique au goutte-à-goutte, comme une béquille en intraveineuse, elle console mes tympans en martelant coûte que coûte que oui, les hanches démangent toujours, oui, la salsa me brûle le corps là où tes mains ont encore leur empreinte. Les mélodies en continu, the show must go on, j'attends impatiemment le moment où je ne retrouverai plus des bouts de ton amour dans les mille avenirs qui m'entourent. Les rythmes m'enchaînent à des nuits de plus en plus longues, je me berce au mouvement des mains qui balancent sur les grands claviers blancs, et je rattrape le sommeil dans la grande course des semaines, mes yeux deviennent moins bleus dessous, plus vivants dedans.

    Dompter les vagues, retenir la mer, retenir l'amer et laisser partir l'amant, je m'y habitue doucement. La musique au goutte-à-goutte qui s'enfile dans mes bras froids m'aide à t'oublier quand je danse la salsa - et valsent les sourires. Sur les tables renversées, je ne pense pas à l'absence (son petit rire reviendra bien vite me chatouiller le cou dans les soirées sans feu tout flamme), je ne pense pas aux amants qui dérivent bien loin de mes nuits, seule la salsa et son tempo de dictatrice m'enchaîne à ses soupirs, et les miens te contiennent tout entier, tout ton corps dans ma buée, tout ton amour réduit à un soupçon de fumée froide, expulsée comme si de rien, allongé sur un trottoir enfumé.

    Le tempo comme un docteur qui viendrait briser mes os, déhanche ton corps déhanche ta tête - débranche ton coeur - et mes hanches qui balancent au milieu de la mer, au coeur de la fête, ton souvenir dans tout mon soupir, ton amour entier enfermée dans une buée

    - la salsa me brûle le corps là où tes mains ont encore leur empreinte.


    votre commentaire
  •  

    (mille brouillons qui s'accumulent entre mes pages - mais je ne sais plus quoi écrire, je ne sais plus commencer, par où débuter, comment poursuivre après les deux première phrases que j'écris desséchées, j'ai la sensation de tourner en rond, de détourner mes mots gras de leur non-sens, ils sont passagers clandestins de ces pages que je ne noircis plus - je n'ose plus sauter à la ligne car ce qui la précède ne vaut même pas la peine d'être lu - mille brouillons entre mes pages mais aucun qui ne mérite la relecture - alors je respire - je dis, ce n'est pas grave, tu peux aussi ne pas écrire si tu ne te sens pas d'écrire - alors je respire - je dis, ce n'est pas grave, tu n'es pas obligée d'écrire, tu seras entière quand même, tu seras complète quand même, tu n'es pas obligée de te définir à travers la poésie pour exister - ce n'est pas de l'encre qui coule dans tes poignets, même bleus, même s'ils sont bleus et plein de bleus ce n'est pas l'encre qui les anime - alors je respire - je ne saute pas de lignes quand même - on ne sait jamais, d'ici à ce que quelqu'un les lise, non, il faut rendre le tout insipide, illisible, il faut que ce soit lourd, que ce soit maigre, que ça ne vaille pas la peine de continuer après les trois premiers mots - il faut que ce soit imbuvable, de la poésie périmée, lassée d'exister - alors je respire - je me dis, suis-je lassée d'écrire ? est-ce que j'arrive à la fin de la poésie ? alors je respire - parce que la question me panique bien sûr, parce que l'inquiétude, parce que l'angoisse - alors je respire - je dis, ce n'est pas grave, je donne une caresse à la peur, un bisou à la terreur soudaine qui perce toutes mes côtes - alors je respire et je me dis alors c'est fini écrire ?)

    ~

    Untitled


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique