• vite, vite écrire une ode au soleil

    tant que mes oreilles sont bouchées

    tant que les minutes s'envolent encore

    tant que le nuage m'inonde d'amour

    depuis qu'on ne s'aime plus

     

    vite, écrire au crayon de bois des mots qui s'effaceront

    qui ne graviront ni collines ni mausolées

    qui n'iront griffer aucune pierre, aucun être,

    si ce n'est la pompe à sang dedans mes côtes

     

    vite, une ode au soleil

    pendant que le monde s'éveille à peine

    et que je me perds, fluctuante, entre ses murmures

    ~

     

    Tulipe Comix


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  • il faudrait arrêter de compter par paquets de mille

    (mais la vie est si grande qu'elle s'enfuit par tous mes pores)

     

    - de ma petite pipe d'ivoire

    j'irai renverser les tours de tous les châteaux

    de toute l'Espagne

    (à en découdre les sutures du ciel)

     

    j'irai chercher mon papy

    la grand-mère du nuage et le père du blond

    (au sourire si grand qu'il s'entend sans même se voir)

    me balader dans les babillements du bébé

    qui ne sait pas dormir

     

    j'irai là où la terre s'aplatit un peu

    tout au bord de la fin

    les mots me tomberont des nues

     

    - la vie est si rapide qu'elle troue chacun de mes souffles

    je n'ai même pas le temps de jouer à la poète

    que déjà le temps s'efface

    déjà la nuit se retire

    déjà il faut penser au retour du monde

    ~

    Adèle Labo


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  • parce que mille vies défilent

    dans la salle du piano sous terre

    dans la musique

    dans les doigts des amis musiciens-fêlés

    dans la mélancolie d'une fin d'année;

     

    ça y est,

    ça y est c'est terminé,

    tu vas rentrer chez toi,

    toi aussi,

    et toi tu restes mais comme tout le monde part,

    tu partiras aussi;

     

    dans cette mélancolie crasse

    qui nous colle à la peau,

    il flotte l'espoir

    toujours

    inamovible;

    l'espoir, et les liens mine de rien,

    et l'amitié comme pour de vrai,

    l'inspiration et l'envie d'être ensemble,

    le groupe comme un cocon,

    les amis comme pour la vie;

     

    et sous l'espoir et la mélancolie entremêlés,

    il y a l'hiver et l'amitié qui s'enflamment;

    l'hiver partira,

    l'amitié peut-être pas,

    et c'est ce peut-être,

    cette possibilité d'avenir,

    qui fait qu'il fait si bon être

    dans la salle du piano sous terre,

    avec les amis aux doigts d'or,

    avec cette amitié naissante mais déjà si chère,

    avec cette envie d'un futur

    qu'on pourrait conjuguer ensemble

    peut-être

    ~

    dans la salle du piano sous terre

    Laurie McCormick


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  •  

    j'ai bu dans ton ventre-fontaine l'encre de mes anciens poèmes, la sève bleue de ces livres qui te délivrent, tu me disais aujourd'hui, j'ai bu dans tes yeux creux et j'y ai aperçu ces amis dont les nouvelles ne comptent plus, vraiment, dont même le souvenir s'efface au fil des jours empilés dedans des jours qui passent

    c'est un de ces jours où rien ne sert de faire, tout sera plus bruyant que ton absence

    c'est un de ces jours où je mélange l'indien aux yeux verts à la cathé qui s'illumine, et s'embrase en même temps que mon corps qui fume dans le froid de la ville; tes impulsions douces et la tendresse de ta peau qui mine de rien fleure la mienne, le bout de tes doigts froids, juste le bout qui serpente à peine, à peine dans ma nuque qui s'incline; un de ces jours où rien ne sert de faire, le souvenir repassera cent fois, mille fois au cinéma des paupières

    je mélange alors les odeurs de salsa amère aux randonnées nocturnes sous les coccinelles, à tourner en rond pour parler encore, tourner en rond pour parler encore, rien ne sert de faire tout sera toujours plus bruyant que ton silence

    j'ai vu l'ami alité perdu entre deux nuits, l'ami bleu sous ses électrodes qui bipent et étincellent, il fait un peu un bruit de paillettes et de plastique, un peu un bruit d'âme cassée qui bruisse une fois secouée - et il est secoué l'ami alité, secoué par sa vie toute entière qui se met à trembler

    il me semble que j'ai perdu le fil des jours, le fil rouge qui reliait mes semaines, égaré entre deux désirs, une rupture et cent trente-trois rêves - dont deux ébréchés et un à peine entamé - j'ai perdu le fil des jours alors j'essaye de retrouver le début de mes poèmes à la fin de mes poèmes - il me faudrait un commencement quelque part que je puisse me reprendre - j'erre dans ma musique de toujours pour essayer de retrouver un semblant de continuité - j'écris, j'écris parce que je sais écrire, parce que quand j'écris je respire - et j'ai tant besoin d'oxygène et de place et de temps et d'espace - je classe, classe et me lasse, je fuis et me cache sous d'immenses immenses tâches - je me déhanche sur la salsa pour oublier tes mains qui collent à mon corps, ma nuque qui s'incline sous tes doigts froids -

    j'ai besoin de temps, besoin de rêve et besoin d'espoir

    c'est un de ces jours où rien ne sert de faire, tout sera plus bruyant que ton absence

    ~


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