• forget love

     

    j'ai bu dans ton ventre-fontaine l'encre de mes anciens poèmes, la sève bleue de ces livres qui te délivrent, tu me disais aujourd'hui, j'ai bu dans tes yeux creux et j'y ai aperçu ces amis dont les nouvelles ne comptent plus, vraiment, dont même le souvenir s'efface au fil des jours empilés dedans des jours qui passent

    c'est un de ces jours où rien ne sert de faire, tout sera plus bruyant que ton absence

    c'est un de ces jours où je mélange l'indien aux yeux verts à la cathé qui s'illumine, et s'embrase en même temps que mon corps qui fume dans le froid de la ville; tes impulsions douces et la tendresse de ta peau qui mine de rien fleure la mienne, le bout de tes doigts froids, juste le bout qui serpente à peine, à peine dans ma nuque qui s'incline; un de ces jours où rien ne sert de faire, le souvenir repassera cent fois, mille fois au cinéma des paupières

    je mélange alors les odeurs de salsa amère aux randonnées nocturnes sous les coccinelles, à tourner en rond pour parler encore, tourner en rond pour parler encore, rien ne sert de faire tout sera toujours plus bruyant que ton silence

    j'ai vu l'ami alité perdu entre deux nuits, l'ami bleu sous ses électrodes qui bipent et étincellent, il fait un peu un bruit de paillettes et de plastique, un peu un bruit d'âme cassée qui bruisse une fois secouée - et il est secoué l'ami alité, secoué par sa vie toute entière qui se met à trembler

    il me semble que j'ai perdu le fil des jours, le fil rouge qui reliait mes semaines, égaré entre deux désirs, une rupture et cent trente-trois rêves - dont deux ébréchés et un à peine entamé - j'ai perdu le fil des jours alors j'essaye de retrouver le début de mes poèmes à la fin de mes poèmes - il me faudrait un commencement quelque part que je puisse me reprendre - j'erre dans ma musique de toujours pour essayer de retrouver un semblant de continuité - j'écris, j'écris parce que je sais écrire, parce que quand j'écris je respire - et j'ai tant besoin d'oxygène et de place et de temps et d'espace - je classe, classe et me lasse, je fuis et me cache sous d'immenses immenses tâches - je me déhanche sur la salsa pour oublier tes mains qui collent à mon corps, ma nuque qui s'incline sous tes doigts froids -

    j'ai besoin de temps, besoin de rêve et besoin d'espoir

    c'est un de ces jours où rien ne sert de faire, tout sera plus bruyant que ton absence

    ~

    « Untitleddans la salle du piano sous terre »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :