• morceaux de rêves

    Là, ce sont mes textes. Mes poèmes, mes (rares) nouvelles, mes pensées, mes petits bouts de moi.

    S'il te plaît, touche avec tes yeux.

    Ne prends pas ce qui ne t'appartient pas.

     

     

    Les textes qui ne sont pas de moi sont marqués entre guillemets, avec le nom de l'auteur quand je l'ai.
    Les sans-guillemets sont les miens.
     

     

  • toujours, toujours je reviendrai à l’écriture

    dans les mots je m’offre (à moi-même, aux autres) d’une manière à nulle autre pareil 

     

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    je ne t’oublie pas - enfin non, ce n’est pas vrai, je t’ai oublié, pendant une respiration qui a duré plusieurs mois. mais qu’il m’a fait du bien ce souffle. 

     

    soudainement je me délie, je me dénoue, je me déplie. je deviens celle que j’étais tout au fond, bien blottie au creux de moi-même. je fracasse la graine de mes deux mains sur le sol, avec la rage de ceux qui se sont mentis toute une vie. 

     

    je ne me mens plus, ça y est. 

     

    j’apprends à avancer, haletante, fébrile, sur la grande ligne de mes jours. tout se déconstruit autour de moi dans une grande violence et dans un très grand silence (rien que de l’écrire je sens mon cœur qui se contracte, qui donc serre ses mains autour de mon angoisse ?). 

     

    je découds de ma peau cette envie de toujours plaire, par défaut plaire, quoi qu’il m’en coûte plaire. constamment cela me frappe, et je me rappelle que ces mots n’ont encore jamais vu la lumière du jour. ces meurtrissures, je les mets au monde en ce moment même. bien sûr alors qu’elles m’arrachent la peau. j’accouche d’un vide qui me déchire

     

    comment choisir de ne tenir debout que par ma propre colonne ?

     

    -

     

    et bien comme ça, en écrivant des fleuves qui au fil des pages dessinent le portrait d’une mue à la fois brutale et douce, en couchant sur le clavier les jours avec et les jours sans, en esquissant du bout des lettres cette autre que je deviens, petit à petit, oiseau qui fait son nid.

     

    il est urgent de ne pas s’assoupir dans cet effort d’écriture qui m’a animée pendant plusieurs mois et qui depuis semble se tarir. je m’ankylose sans l’appel d’air de mon écriture, scalpel éternel sur mes boursouflures de l’âme.


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  • merci pour les roses

    merci pour les épines


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    la place des filles au pays des pères

     


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    je sais bien qu’ils ont mis ton nom sur une stèle, là-bas. qu’ils te croient en train de dormir paisiblement sous la pierre, faisant don jour après jour de ta chair au sol. je le sais, qu’ils y croient dur comme fer à ta mort.

     

    moi, je ne t’ai jamais enterré et je m’y refuse encore aujourd’hui. j’ai la conviction que tu n’as jamais voulu, jamais pu quitter ton jardin. que, comme avant, tu pousses encore ton vieux portail de bois, grinçant, vermoulu, usé par les glaces de l'hiver et les soleils de l'été, d’une main ferme malgré le poids des années. que tu pénètres derrière un vaste verger piqué d'herbes folles. je m’y rends souvent, dans cet éden où survit plus que ton souvenir. 

     

    ils tenaient absolument à vendre la maison, sais-tu seulement combien ça coûte de posséder un bien que l’on n’habite pas, et puis il faut payer les frais de succession, tu vas sortir ça de ta poche peut-être? je ne leur ai pas répondu - je ne savais pas quoi leur opposer, à ces êtres qui pensent que le passé peut se vendre chez un bon notaire. 

     

    j’ai exigé ton jardin, c’est tout, et d’accord pour tout le reste. 

     

    d’accord pour brader ta maison, tes meubles et tes vêtements, tes bibelots et ta vaisselle, tes tapis et tes vélos. d’accord pour jeter tes papiers, tes photos, ta collection de timbres et ton courrier. mais j’exige l’extérieur, cet espace qui pourtant te contient tout entier.

     

    je m’y rend souvent, tu sais. c’est désormais à mon tour de pousser le portail au bois gonflé par le soleil. les mains vides, je ne touche à rien. simplement, je viens exister là où toi tu n’existes plus. j’espère surprendre un jour une odeur, un vestige, un rien, qui pourrait leur prouver qu’ils ont tort de te croire si mort.

     

    ce matin, un vent frais caresse la cime des arbres. la journée commence à peine. je suis venu très tôt me poser dans l’herbe au pied des pommiers: il y a des choses à fuir que l’on peut prendre de vitesse à l’aube.

     

    L’été entre à pas de loup dans le jardin tout juste réveillé : il rôde autour des arbres fruitiers, réchauffe les chairs sucrées des fruits mûrissant à leurs branches, et fait monter vers le ciel déjà clair ses moiteurs parfumées. 

    ils pensaient t’avoir enterré en hiver, sous la terre dure et froide d’une matinée de décembre. ils n’imaginent même pas à quel point ils se leurrent. là, dans ce beau matin de juin, je te vois penché sur le liseron qui étouffe tes fruitiers et que tu arraches à pleines mains. tu es de dos, courbé, et je t’observe commencer la rangée d’arbres au pied desquels je suis assis. plus que quelques troncs et nous serons de nouveau face à face. je réfléchis à quoi te dire car la parole m’est difficile : comment reprendre une discussion interrompue par ta mort?

     

    je me décide à te parler de la stèle, là-bas, avec ton prénom. je t’imagine déjà rire avec moi de leur aveuglement à tous, de leur précipitation à te fourrer sous terre. de ta voix grave tu me diras qu’ils sont fous, dans cette famille, que décidément ils ne comprennent pas qu’un verger ça ne se quitte pas, et que la mort, c’est simplement une manière de faire de la place aux arbres. 

     

    au moment où je tourne la tête pour te faire face, une brise vient agiter les feuilles du liseron. le jardin est vide, et sous le soleil personne n’arrache la belle de jour. notre discussion est une fois de plus remise à plus tard. 

     

    six mois déjà que je t’attends. dis-moi, quand reviendras-tu?


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