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    j'écris des lettres indiennes - avec mes salutations distinguées, avec des chers Messieurs à droite et des chères Mesdames à gauche - j'écris des lettres indiennes pour oublier que je ne veux plus écrire pour moi - parce qu'à quoi bon, à quoi bon au fond - pour le rythme oui mais la relecture est amère (souvent) et grinçante (toujours) et douloureuse (parfois)

    j'écris des lettres à la plume parce qu'en soufflant dessus elles s'envolent - elles n'ont pas la lourdeur de l'encre ces lettres-là, la paresse de se couler dans le papier; plutôt elles s'étirent et se tirent sans destinataire - je ne veux même plus m'écrire, fantôme illucide
    - parce que quoi me dire, quoi me dire au fond - je n'aime ni me relire ni me souvenir

    et dans l'air je trace les grandes courbatures, l'immense calligraphie du creux que j'aperçois parfois dans tes yeux

    mes lettres sont sans sens, girouettes égoïstes, elles se décalent parfois d'une ligne à l'autre et j'ai tout perdu, la bonté la beauté le sourire en flacon pour les grandes occasions la logique grammaticale la concordance des temps
    - mais à quoi bon au fond, à quoi bon -

    mes lettres n'ont qu'un sens finalement, elles se déguisent gustatives, se laissent savourer dans l'espace vide que tu oses,
    et doucement elles prennent le goût de l'amertume, l'amer tune, sur les papilles en creux, une bitterness à l'odeur de bitume qui s'accentue les jours de brume, quand je m'étouffe avec mes lettres à moitié gercées qui me percent les poumons juste au fond

    ~

     

    Victoria Siemer


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  • je joue à l'obstruction nasale impromptue

    à faire comme si de rien alors que tout

    l'air s'en va, l'air de rien

    et je me retrouve avec du vent dans les mains sans n'en savoir que faire

    le respirer ?

    avec mes poumons perforés jusqu'aux bronchioles ?

    mes cuisses font des bulles bleues qui écorchent jusqu'à ma salive

    jusqu'à mes envies d'ailleurs puisque qu'ailleurs d'ailleurs je ne suis plus

    lausanne, j'ai retrouvé lausanne qui n'avait jamais bougé

    mais respirer, respirer j'ai oublié comment commencer

    dans le vide je creuse des trous pour y fourrer ton absence

    mais trop de rien donne un peu de tout

    et c'est des paillettes et du plastique plein la gorge que je m'étouffe

    je joue à l'obstruction nasale impromptue

    j'écris des poèmes sans sens puisqu'il me manque certains des miens

    Iceberg Brioche


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  • jour 24

    la main ouverte le coeur ouvert le vide au vent l'estomac néant le nuage qui rampe la sueur dans ton cou moineau-mamie qui faiblit la chaleur qui se diffuse les draps olé-olé le fantôme de Dune perforons nos doigts déjà si patiemment troués et trouvons du sens à mastiquer des vieilles gaines et rengaines infernale fillette, barbe-à-papa âcre de trop se souvenir et l'odeur du pop-corn toujours là tapie dans ta mémoire Cabrel se languit de ta peau dessiquée viens avec moi creuser dans les racines du vide


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    "it wasn’t in the way she flexed her spine to show you all the pages she held, let you flicker through soft paper pieces with your lingering gaze. it wasn’t in the first time she pulled off her dress or unwrapped the scarf from her neck or stepped out of the kitchen with a soft smile. it wasn’t in her eyes and the stories they held, skin smooth as silk against your own rough foundations. when she unravelled herself, it was through the whispers she spoke in at three in the morning, how they left your ears tingling & your cheeks a pale rose-tinted pink. when she unravelled herself, it was through finger-picked tunes and a voice like velvet, luring you in. when she unravelled herself, it was like she was ribbon twirling in the breeze, and you wanted nothing more than to wrap her back up and say i’ve got you i’ve got you i’ve got you."

    unravel, e.r.s.

    ~

    Eat your heart outIsabella Giancarlo


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