• Lettre 1.

    Cher Alexandre.

    Je m'excuse de ne pas vous avoir écrit plus tôt.
    Je m'excuse de vous répondre si tard, et si longtemps après.
    Je m'excuse, j'avais la tête, vous savez, tout là-haut,
    Et les pieds enfoncés dans un sol si dur et épais.

    Plus de liberté, vous savez ce que c'est,
    Vous, que d'être enfermé toute la journée.
    Emprisonnée, non pas par des barreaux de fer,
    Mais par ce monde dans votre tête, ou plutôt cet enfer.

    J'ai vécu là-bas huit mois durant... enfin là-bas, vous me comprenez.
    Une tête, c'est tout petit, et pourtant je pus m'y retrancher.
    Huit mois j'y suis restée, vous en rendez-vous compte ?
    Huit mois de silence, huit mois de lent décompte.

    Et à mon réveil, devinez ce que j'ai trouvé ?
    Des nouvelles étranges, mais point surprenantes.
    Quelques morts tristes à déplorer, mais la plus étonnante,
    Reste sans aucun doute la vôtre, mon cher protégé.

    Certes, cette affaire n'avait pas tourné comme vous le souhaitiez,
    Mais qu'est-ce qu'un contrat raté dans l'océan de vos réussites ?
    Vous me répliqueriez certainement qu'il vous aurait certainement coulé,
    Que le bilan serait devenu irréversiblement pessimiste.

    Mais qu'est-ce que la mort vient faire là ? Quel sacrifice inutile !
    Vous me décevez mon cher. Etiez-vous devenu si futile ?
    Une tache sur votre honneur bien plus que douteux
    Aurait donc réussi à vous faire baisser les yeux ?

    Que de gâchis ! Surtout lorsque que j'ai lu votre dernière lettre.
    Tristes nouvelles ! Apprendre que de moi dépendait votre destin,
    Et l'apprendre si tard après, en sachant que, peut-être,
    J'aurais pu facilement vous éviter ce si dangereux chemin.

    Mais ce n'est pas de cela dont je voulais vous entretenir.
    Je voulais que vous sachiez que, si je n'ai pas ce jour-là pu venir,
    C'est parce que je n'avais pas été mise au courant à temps.
    Des nombreux méandres où vous avaient entrainé vos tourments.

    Je voulais donc, avec toute la sincérité du monde,
    Vous prier humblement et aimablement de m'excuser.
    Lorsque je fus pendant si longtemps coupée du monde,
    J'ai pu longuement ressasser mes erreurs passées.

    C'est pourquoi, aujourd'hui, je vous écris cette lettre.
    Pour que vous puissiez enfin comprendre mon repentir,
    Pour que vous compreniez enfin, que, peut-être,
    La faute venait de moi sans vraiment en partir.

    Mon cher ami, mon cher amant, mon précieux Alexandre,
    Celui que tous appelaient le chevalier aux yeux d'ambre,
    Vous me voyez donc sincèrement et tristement désolée
    De n'avoir à votre dévouement eu une réponse plus empressée.

    Bien amicalement,
    Flavia.


    Post Scriptum :
    Je n'oublie pas que vous êtes mort,
    Mais sachez bien que vous aviez tort.

    « Vie.Souffrance. »

  • Commentaires

    1
    sénéda Profil de sénéda
    Jeudi 28 Juin 2012 à 22:58

    joli. Romanesque. Beau

    2
    Vendredi 29 Juin 2012 à 11:05

    Merci... :)

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