J'ai des perles dans ma tête.
À force de rouler dans les gouttières,
Elle tombent,
Les pauvres.

Et continuent à tomber,
Même quand j'ai les yeux fermés.
Elles roulent et roulent et coulent
Le long des routes,
Les fatiguées.

Et elle continuent leur course intangible,
Le long des autoroutes de mes cils.
Et même quand j'ai les yeux ouverts,
Elle tombent, fauchées par mes paupières,
Brisées.

Et ces perles qui brillent au soleil,
Chutent du haut de la gouttière.
La chute est longue, la chute est dure,
Car nous sommes tous d'infinies poussières.
Qui flottent un moment avant de tomber,
Accablées par le chagrin,
Ou
Accaparées
Par la gravité.

Et moi, perdue,
Je suis une gouttière,
Pendue parmi une pluie de perles,
Une pluie d'étoiles,
Une pluie de larmes
                              qui brillent au soleil.

Même sous la chaleur de ton sourire,
Je les entends encore me regarder,
Et me dire,
L'air fier,
L'air hautain :
"Le chagrin est toujours là au petit matin."