• Jour 37

    "Le texte du jour doit comprendre la phrase : « Je voudrais m'en aller dans un poème. »"

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    Je marche dans Lausanne, ma ville depuis toujours, et les gens ne me voient pas. Je flâne sous le soleil, j'erre, gorgée de rayons, gonflée de lumière, je suis mes pieds qui chacun son tour s'avance, serpente, entre les pavés tout assommés par la chaleur de l'été. J'erre et je me perds, je redécouvre des ruelles aux tags rafraîchis, je jette un clin d'oeil à la frontière d'ombre qui grimpe sournoisement aux murs, je réfléchis, au pont parsemé de verre, aux escaliers en cavale, en rafale; j'apprivoise la cathédrale, son jeu de dames et mon jeu de jambes, j'en fais le tour, de l'imposante qui s'effrite, je lui fais l'amour tout en douceur, avec mes pieds; j'erre et je persévère, je cours jusqu'au bout du monde, je survole, m'envole, frissonne, je flâne et ne suis là pour personne, je m'appelle, je m'attends, et je poursuis en chantant le chemin tracé de rayons de soleil.

    La ville est poète quand je la traverse en transparence; elle cache dans ses ombres et ses replis mille petits bouts de vie, des sourires, des odeurs de viennoiserie, de cuisine thaïe, elle cache des rires, l'horloge qui s'allume, le parfum de vieux livres, elle se donne, et moi j'observe, j'attends, et je reçois la ville toute entière enveloppée dans sa lumière, et je ne veux plus partir, non, je ne veux pas m'en aller, je ne voudrais (même pas) m'en aller dans un poème. 

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