• (jour 23)

    (jour 23) 

    LE MAILLOT QUI PASSE EN TEMPS DE BAIN
    (ou maillot de bain et temps qui passe)

    me rappelle ce maillot que j’aimais trop mais qui ne m’allait pas; au tissu blanc qui avait jauni, assorti à ma peau de porcelaine, parsemé de coquelicots; découpe rétro qui se voulait pin-up mais laissait surtout à ma poitrine la liberté de voleter à sa guise ou de prendre l’air quand bon lui semblait; l’élastique de la culotte, à force d’être porté, se détendait un peu plus à chaque extension : à la fin, c’était presque un miracle que d’arriver à se lever sans la perdre; porté par ma mère je l’arborais, ce maillot, toujours fièrement, intimement persuadée de mon originalité subtile et de mon excentricité douce. Je suis encore surprise de l’aplomb avec lequel je marchais dans mes coquelicots, compte tenu de la piètre estime de mon corps que je possédais à l’époque - jamais un doute quant à mon allure de fantôme en dentelle ou ma poitrine librement tombante - j’étais sublime, puisque je me pavanais dans un fantasme; j’avais la plage à mes pieds puisque drapée dans un rêve.

    Depuis, l’élastique a craqué et le temps a coulé; beaucoup de larmes et de sable ont roulé sur mon corps; beaucoup de mains et de baisers l’ont tâché. Mais toujours, dans un rai de soleil ou une odeur de varech ou d’été, je retrouve sur ma peau les froufrous de l’étoffe et les coquelicots fanés.

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