j'ai l'écharpe bleue

les chaussures bleues

les mots bleus

le pirate bleu

(le pirate aux beaux yeux bleus)

je suis la veste jaune

- celle qui s'essouffle, s'envole dans toute la ville

je suis la perceuse de peaux,

la chasseuse de rires

celle qui attrape la vie en route

et qui la mord de toutes ses dents

as-tu déjà consciemment soupesé le fait que l'on a la possibilité de se concentrer sur des détails?

j'irai

demain

donner à la neige les enveloppes blanches aux froides fioritures,

tu m'écouteras écrire à Clara la bleue;

le monde sera soudain cousu de couleurs, de paillettes et de peinture

on se souviendra pourtant le soir de si peu.

j'irai

demain

courir sous le givre pour espérer une miette de ta peau,

asperger le quotidien dur dur de ta voix douce douce

l'idée? renouer en transparence ton absence goût de mousse

et ces remords hargneux que j'élève dans ton dos

j'irai

demain

peut-être

fuir l'ennui moi aussi j'aimerai vivre en dynamite

exploser ma réalité voler aux jours ce qu'il ne m'est permis que de désirer

ne plus attendre jamais jouer à l'étincelle allumer la flamme dans tes prunelles

et danser dans le brasier de nos corps qui nous noient à petit feu sous ces interdits qui nous coulent

ne plus attendre jamais je veux jouer à cache-cache dans tes souvenirs et gagner

gagner le droit de gagner tes lèvres me bercer d'absolu partir à l'autre bout des bienséances

cracher au pied de toutes les convenances et mépriser conventions et corsets sociaux-brutaux

ne plus attendre jamais le jour où j'aurais le droit de poser mes dents sur tes joues

croquer ta peau douce ta peau de nuit que tu n'enfiles que dans mes fantasmes

fuir l'ennui et l'angoisse de ces journées si posées où je n'ai le droit de te désirer jamais

fuir l'ennui et le stress et les peurs qui me grignotent la colonne câblée par habitude à l'acide quotidien des quotidiens

fuir l'ennui et la tristesse et la raison de ces heures où je dois faire semblant de ne pas vouloir ta main

dans ma main