• C'était fou. Incroyable.
    Mais quelles couleurs ! Il n'en revenait pas. Tout ce jaune, tout ce jaune ! On dirait presque le soleil !
    Et la brise qui le caresse... Il vibre... On le dirait presque vivant, animé, c'est inimaginable. Et cette odeur !
    L'odeur du vent, de la chaleur et de l'été mêlés.

    Il cueillit doucement le pissenlit, pour le porter à sa joue.
    Quel chaos dans sa tête ! Les pétales, duveteux, légers, semblaient déposer des étoiles sur sa joue.
    C'est les yeux fermés qu'il s'assit, lentement, en respirant le pissenlit.

    - Pissenlit, pissenlit.

    C'était tout. Ce rien-là, cette peccadille, ce jour-là pour lui c'était tout. Son univers.
    Jaune, grand, immense,
    et doux comme le soleil.

     

    Il n'osait lever les yeux. Pour les poser où ? Plus loin ?
    Loin ne voulait plus rien dire. Juste un mot pour rendre les limites plus supportables. Mais les barrières sont partout. Les prisons ne sont plus désormais faites de fer et de barreaux. C'est fini, ça. C'était avant.

    - Pissenlit, pissenlit.

    Que dire de plus ?
    Il ne pouvait pas. Il n'y arriverait pas. Une fleur de plus et la foule l'emporterait, la foule de mots, de souvenirs et de regrets. Son seul port d'attache, c'était ce soleil, ce tout petit soleil dans ce tout petit pré. Rien de plus. Pas encore. Le reste viendrait après.

    Tout ce jaune !
    Sa tête se courba comme pour se blottir contre sa poitrine.
    Ses larmes s'envolèrent silencieusement pour atterrir par terre.

    Sur la terre, la vraie terre, avec de l'odeur de terre ! L'odeur de la foule, de la pluie et des herbes mêlées.

    Trop, trop, tout ça c'était trop !

    Plus que des mains, c'étaient les sanglots qui le secouaient.

    À quoi sert d'être libre, si c'est à l'intérieur que l'on est enfermé ?
    Son corps n'avait que la limite du monde, mais ses rêves ? Ses espoirs ?
    Ses envies, ses pensées, ses croyances, ses opinions, ses convictions,
    ses connaissances, ses avis, tout ça, où est-ce que ça peut bien aller ?

    - Nulle part, nulle part.

    Les mots tombaient comme des larmes.

    - Nulle part, nulle part.

    À quoi sert d'être enfin libre si c'est à l'intérieur de soi-même que l'on est enfermé ?

     

     

     

     

     

    ~

    Voilà, ce soir, je vous poste un texte un peu plus spécial que d'ordinaire...
    Je suis tombée par hasard sur le blog de Meïkah, qui proposait un concours d'écriture.
    Le thème m'inspirait, et en ce moment, l'inspiration se fait rare ! Alors ni une ni deux, l'occasion m'a permis de poser sur la portée de cette page quelques mots, pas les plus beaux, mais tout de même, ils ont déjà pour mérite d'être là. Dites-moi ce que vous en pensez !
    C'est rare, que j'écrive en prose..

    Ah oui, le thème !
    Après une longue période de solitude et de captivité, votre personnage est libre. Psychologiquement et physiquement. Décrivez ce qu'il ressent émotionnellement. (le choix du personnage est libre, il peut même s'agir de vous-même.)


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  • Il est tard et j'ai envie d'écrire.
    Envie d'écrire et de te voir,
    de m'effacer parmi mes pensées,
    et d'arrêter de me poser la question
    entre opinions et convictions
    si le cahier bleu était la bonne idée.

    Il y a des nans au dîner,
    et tes dreads devant mes yeux.
    Un pantalon bouffant qui ne reviendra plus,
    des tongs, une croix sur ta poitrine.

    Il y a des bouts de rêves,
    des morceaux de gens,
    une casquette sur la paillasse,
    des électrodes dans nos poignets,
    un parcours du combattant dans les escaliers.

    L'objectif ?
    Courir plus vite que ton ombre,
    plus vite que la musique,
    entre les piles de livres et les mots trop pillés.
    Le but ?
    S'évader, forcément.
    Serpenter entre toutes les phrases et tous ces gens.

    Ces éclats de voix, ces éclats de vie,
    il y en a à la cafétéria,
    dans ma salle de maths,
    en cours de philosophie.

     

    Des muscles sous un t-shirt,
    des larmes dans des sourires,
    des manches à questions,
    des feuilles dans la cour.

    Et des feuilles dans mes mains,
    que je noircis tour à tour.
    Pour dire si peu, pour ne dire rien !
    Pour parler tout en détours.

    Pour vous raconter, l'air de rien,
    à quel point je compte les jours.
    Parce que c'est entre nuits blanches et matins chagrins,
    que j'ai doucement émietté ton amour,
    pour me forcer à me lever le lendemain.


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  • "Les syndicalistes ont tellement l'habitude de ne rien faire,
    que quand ils font grève, ils appellent ça une journée d'action."

    Coluche


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