Une plume argentée

S'est devant moi posée

Un matin d'avril,

Glissant d'une tuile...

Appartenant à une fée,

Qui était tombée

Du haut d'un nuage,

Tombée sans dommage.

Elle m'a remerciée

De l'avoir ramassée,

Puis me l'a rendue,

Sa jolie plume perdue.

Je l'ai d'ailleurs toujours,

Dans l'espoir qu'un jour

Elle revienne me voir,

Un jour ou un soir.

Qu'elle m'enmène avec elle,

Me prenne sur ses ailes,

Pour partir autre part,

Partir au hasard.

Dans un pays nouveau

Où tout devient beau,

Où les coups de cafard

Restent dans le placard,

Et où les souvenirs

Disparaissent sans rien dire...

Savez-vous que je rêve depuis toujours

De pouvoir voler un jour ?

De me cacher dans un nuage

Ou de jouer avec les alizés ?

De survoler après la plage

La mer pendant une éternité ?

De rencontrer un oiseau

Et de pouvoir discuter,

Avec lui, tout là-haut,

Du looping après un piqué ?

De voler tellement haut

Que le Soleil m'en paraitraît plus près ?

De pouvoir dire en un mot

Toutes les possibilités du sujet ?

Ce rêve étrange,

À votre avis,

Qui me l'a donné ?

Peut-être un ange ?

Dans une autre vie !

Ou alors une fée...

Peut-être, malgré leurs précautions,

En ai-je aperçu un dans le Ciel ?

Peut-être que la vue de leurs ailes

A déclenché en moi un nouveau don ?

Peut-être suis-je condamnée

À les voir voleter

Tout autour de moi,

Ne pouvant les rejoindre ?

Je ne les ai jamais vus se plaindre

De devoir s'arrêter à un quelconque toit.

Ils n'ont qu'une seule limite

À leur ascension.

Tous, ils évitent

Les zones de basses pressions,

Car leurs ailes trop fragiles

N'y résisteraient pas.

Et, même s'ils sont agiles,

La chute ne les tente pas...

Un jour, un crochet descendit du Ciel,

Suspendu à un nuage.

Moi, qui n'avait point d'ailes,

M'accrochais à ce mirage.

Dès la boucle fut serrée,

Cet étrange appareil remonta.

Je me mis à survoler

Le paysage que voilà :

De l'eau et des champs,

En ronde monotone,

Et puis de temps en temps,

Une cloche qui sonne.

Joyeux drille et grand carillon,

C'est la fête au village.

Petit saut et tourne en rond,

Ce n'est décidément plus de mon âge.

Puis tournant la manivelle

Que je trouvais devant moi.

Quelle ne fut ma surprise ma foi

Je me transformais en hirondelle !

Voletant au gré du vent

Jouant avec l'alizée et la brise,

Jusqu'au dernier moment

Où l'on doit lâcher prise.

Je me réveillais en prison.

Tout en me demandant où j'étais,

J'eus soudain une illumination.

Les souvenirs revenaient :

J'avais tué un homme c'est vrai.

Et pour la peine, je ne rêverai plus jamais...

Il était une fois une jeune fille. Elle s'appelait Sylfia. Elle était belle, d'une beauté toute simple et pourtant à couper le souffle. Son visage était fin, ses traits délicats, et ses yeux gris d'une douceur incomparable. Pourtant elle portait sur ses fragiles épaules un lourd fardeau. Sa mère était partie bien trop tôt rejoindre ce pays au dessus des nuages, le "paradis". Son père, lui, était parti tout court lorsqu'il l'avait su, l'abandonnant une seconde fois. Elle était seule, mais n'abandonnait pas. Il le fallait car elle était quelqu'un de spécial. La dernière de son espèce, du moins le croyait-elle car elle n'en avait jamais rencontré d'autres que sa mère. Elle était une fée. Une vraie. Elle possédait des ailes, d'une couleur mi-argenté, mi-translucide, comme découpées dans de la dentelle. Elles papillonnaient dans son dos, mais personnne ne les voyait. Sa mère lui avait dit quand elle n'était encore qu'une enfant que seules les personnes qui la comprendraient vraiment et l'aimeraient pour ce qu'elle était les verraient. Et ce n'était jamais arrivé. Du moins pas encore...