• Toi. Puis, plus loin, moi.

    Mais laisse-moi partir !
    Laisse-moi ! Notre histoire s'est terminée un jour de mars, quelques jours avant ton anniversaire, il y a huit mois déjà. Tu as voulu y mettre un terme, ne change plus d'avis, espèce de girouette malveillante ! Je t'ai fâché, blessé, heurté, alors pourquoi reviens-tu maintenant !? Pourquoi juste maintenant, quand j'arrivais enfin à mettre terme à mes problèmes, quand j'arrivais enfin à remettre la tête hors de l'eau, à prendre une grande goulée d'air ? C'est mainteant que tu reviens, et tu me tombes dessus, tu me coule ! Mais le fais-tu exprès ? Tu me blesses si souvent, plus souvent qu'à ton tour, et si profondément qu'à force je ne crois plus au hasard. J'ai mal, et c'est ta faute. Tu le sais très bien, mais ça ne t'empêche en rien de recommencer, encore, et encore, et encore. Je suis amoureuse de ton souvenir, et même si je sais que plus jamais nous ne serons ensemble comme avant, je ne peux m'empêcher de m'accrocher, espérer, encore et encore. Et tu reviens par intérêt, par cupidité presque, et je te refuse ce que tu avais l'air de tant attendre, et tu me rejette encore. Et moi, grisée par l'espoir d'un recommencement, j'espérais à nouveau ce en quoi je n'osais plus croire, et de nouveau, tu as brisé mes rêves dès leurs premiers pas, tu as étouffé dans l'oeuf toute tentative de ma part de t'aimer comme avant, tu as tordu le cou à mes espoirs les plus fous... et maintenant, il y a moi. Plus loin, toi. Et entre nous, dans ce fossé, dans ce gouffre sans fond, qu'il y a-t-il ? Penche toi un peu, observe ce qu'on a mis tant d'années à remplir ! Avant, par delà les frontières s'étendait le pont inoxydable de notre amour. Maintenant, plus rien ne nous permet, l'un comme l'autre, de traverser cet insondable abîme. Vois, tes yeux habitués à la noirceur des secrets perçent à jour les replis des sentiments enfouis tout au fond de ce trou. Regarde ! Vois là-bas ce serpent d'inconscience qui se réveille et se déroule, et qui s'étire et se tortille, comme sous l'emprise d'un puissant pouvoir. Vois ! Là, tout au fond, un reste d'amour ! Ah non, trop tard. Il a été dévoré par ce monstre de douleur qui se terre dans un coin sombre, tout là-bas. Mais écoute ! Tu entends ces pleurs ? Ce sont les miens, si violents qu'ils résonnent encore dans ces insondables profondeurs ! Mais sens maintenant ! Respire cette odeur douceâtre d'amertume et de regrets, qui passe et emplit l'air comme ce parfum de fleurs fanées ! Comprends-tu maintenant ce chagrin et cette tristesse, qui voilent mes yeux quand ton nom apparaît ? Cette mélancolie dangereuse, qui me mène doucement plus près, toujours plus près de ce gouffre terrible ? Cette haine silencieuse, qui se déchaîne contre toi les soirs d'orage et de pluie ? Cette horreur et ce sentiment d'abandon, qui creusent dans mon coeur un gouffre de pleurs, bien plus efficace que toutes tes insultes ? Vois tout cela, observe et comprend ce que ça représente pour moi maintenant. Non, tu ne comprends pas ? Décidément, tu n'auras pas fait un effort tout le long du chemin nouant nos deux existences. Vois, cette fissure-là, c'est celle de mon coeur. C'est celle que tu as creusée, il y a bientôt huit mois. C'est celle qui s'est ouverte sous tes coups, tes blessures, tes insultes. C'est celle que tu as cru effacer avec ces trois mots qui venant de toi ne veulent plus rien dire. Penses-tu réellement que je pourrais te pardonner à mon tour ? Tu as effacé en quelque secondes à peine ma souffrance, d'un revers de manche, tu as fais comme si de rien n'était, comme si rien n'avait été, mais moi je souffre ! Moi j'ai toujours mal, et la nuit, quand je me réveille sous les larmes, c'est à cause de toi ! C'est à cause de ce que tu représente, et de ce que tu trahis ! Je suis amoureuse d'un souvenir, et ce souvenir ne correspond plus à ce que tu as fait de toi désormais. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que nos chemins se séparent aujourd'hui ? Pourquoi ne me laisse-tu pas faire le deuil de ton souvenir dignement ?

    Maintenant, mes derniers mots sont pour toi : laisse-moi souffrir, laisse-moi mourir même, mais ne reviens plus. Je chéris ton souvenir, à jamais, et je ne veux plus que tu le détruise. C'est ma seule digue contre une tristesse et une mélancolie insoutenables qui m'emporteraient loin, si loin, qu'un retour ne pourrait plus avoir lieu, et je veux encore vivre, encore aimer, un autre que toi.

    Alors, pars, maintenant, et ne reviens plus.

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