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    Les colchiques

    "Le pré est vénéneux mais joli en automne
    Les vaches y paissant
    Lentement s'empoisonnent
    Le colchique couleur de cerne et de lilas
    Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
    Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
    Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
    [...]"


    Guillaume Apollinaire, Alcools

     


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  • Les lignes ont toujours soif
    et mes mains débordent de mots
    alors j'écris la nuit, le jour,
    à la biblio et dans le métro.

    J'écris les yeux ouverts le coeur fermé,
    j'écris à coeur ouvert des passions inavouées,
    j'écris sans m'en rendre compte
    et j'écris sans rendre de comptes.

    J'écris pour moi et pour mon stylo
    moi ça me soulage lui ça lui fait du boulot;
    j'écris sans limites et sans pudeur;
    j'écris tous les jours et j'écris à pas d'heure,
    j'écris pour écrire, écris pour me vider
    pour me purger de mes émotions harassées,
    j'écris sans raisons puisque folle à lier,
    j'écris à la maison et griffonne dans les escaliers.

    J'écris à l'heure, et j'écris en retard,
    j'écris mes bonheurs et mes coups de cafards,
    j'écris mon coeur et son corps dans le noir,
    j'écris mes amours et mes coups de foudre au hasard,
    j'écris la foule et la solitude enflammée,
    j'écris ma vie banale pour m'en désinfecter.


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  • Eclatée
    dans la musique comme dans du coton moite
    contre ton corps éclatée
    contre ta poitrine éclatée
    dans le tempo qui se fissure

    éclatée encore

    dans le noir, dans les sourires anonymes,
    dans la nuit de la ville trop tranquille
    dans l'alcool de mes veines
    et dans mes veines éclatées

    éclatée toujours

    entre les lignes des livres ouverts
    entre tes lettres que je ne reçois pas
    entre la taie d'oreiller et le silence
    et le froid
    et l'absence

    et toi

    éclatée
    éclatée encore

    et encore

    et encore

    et encore

    éclatée dans le silence en petits fragments d'enfance,
    tandis qu'on s'ébrèche dans les questions sans réponses,
    l'incertitude nous perfore les corps
    et, les mains coupantes, j'ai déchiqueté mon coeur
    pensant colmater les brisures de notre amour.

    Eclatée dans les miroirs
    et dans le noir éclatée
    dans la nuit qui n'est plus tranquille
    éclatée contre ta poitrine;

    ébréchée contre ton corps
    ébréchée dedans mon coeur
    ébréchée d'un coup de poing,
    comme on fracture les rêves oubliés.

    Eclatée te dis-je
    éclatée comme s'il n'y avait aujourd'hui plus de lendemain
    comme s'ils avaient tous éclatés un jour de pluie
    comme quand l'orage éclate
    comme quand le froid éclate
    le froid inamovible
    le froid sans frontières
    le froid sans limites
    le froid sans ardeur

    le froid qui s'étend de toi à moi
    celui qui quoiqu'il advienne ne s'ébrèche pas
    ce froid incassable qui nous colle aux doigts.

    ~


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