Tu sais parfois j'ai peur de moi. Tu le sais, je te l'ai déjà dit. Mais j'ai franchi un palier dans la peur. Comment vivre dans un corps en lequel on n'a pas la moindre confiance ? Je t'assure c'est difficile. J'ai peur de ce que je pourrais faire si je ne me contrôlais pas; de ce que je ferais si personne n'était là; de ce que j'aurais fait si personne n'avait regardé, ce genre de choses...
Cette fille, avant je ne la supportais pas. Ensuite je l'ai détestée. Puis je l'ai haïe. Je ne pensais pas pouvoir atteindre ce stade un jour, mais avec elle c'était plus que facile. Puis un jour j'ai dépassé ce stade. Je ne la haïssais plus; c'était pire. Maintenant, je rêve de la faire souffrir. De la blesser. De la briser. De lui infliger toute la douleur qu'elle-même m'a infligée. Ce genre de choses...
J'y pense tous les jours, j'en rêve toutes les nuits; et ce ne sont même plus des cauchemars. J'ai pensé à tout, tous les détails, à tout je te dis. J'ai tellement peur de moi, à un point inimaginable. J'ai peur de moi. Peur de mon propre corps, de mes réactions, possibles ou probables.

Plutôt probables même...

Et l'on m'a appris que l'espoir s'appelait vert, et que bleu c'était l'harmonie. Et elle m'a dit que la guerre était mauve, que le ciel était noir, et que les étoiles n'avaient pas de nom.
Et elle m'a appris que le sang s'appellait jaune, et qu'il appellait toujours de ses voeux rouge, la vengeance.
Et elle m'a dit que la vengeance, elle, ne pouvait venir qu'après l'orange, et que l'orange c'était la tristesse.

Alors je lui ai demandé le nom des larmes, et elle m'a dit que les larmes n'avaient pas de nom. Je lui ai demandé pourquoi, et elle m'a dit que les larmes c'était comme les étoiles, qu'il y en avait trop dans ce monde pour leur donner un nom à toutes.

Alors dans ma tête, je les ai appelées mes arc-en-ciel, puisque que je sais qu'elles accompagnent tous les sentiments...

''Puisque le bonheur n'existe pas, tâchons de vivre sans lui..."

"Il est un moment où le silence est le seul témoignage possible de la tristesse qui nous habite..."