• Soleille-moi

    Le joli jaune sur les pages pas blanches, c'est celui du soleil,

    grand artiste, qui se joue des mots blêmes des petits matins dont il est l'acteur principal.

    Caressant de ses longs doigts chauds mes bras de coton

    (qui servent d'oreillers pour le nuage)

    il laisse les oiseaux venir picorer nos rêves, la poussière venir recouvrir les réveils.

     

    Dans son odeur chaude d'abandon, nos yeux s'ouvrent et se referment,

    guidés par les heures invisibles et le temps qui s'arrête,

    l'horloge qui sonne parfois (jamais pour nous, toujours dehors)

    -dehors, dans cet extérieur abstrait qui ne nous effleure plus.

     

    Halte là ! crient les rayons de lumière,

    leur poids pèse sur les pages des livres de poèmes qui se tournent difficilement

    (il ne faut pas réveiller le nuage)

    il ne faut pas déranger le soleil

    il ne faut pas bouger la lumière

    (ferme donc ces yeux-miroir, tes prisons d'étincelles);

    il faut se rendormir et laisser s'échapper le temps;

    le voilà qui court déjà bien loin de nos fenêtres.

     

    Dans le lit ébloui, on jour à corps chaud-corps froid

    (au jeu du mon corps sur toi - sous tes mains, la musique des matins câlins)

    on se cache-cache dans le duvet odeur d'amour,

    on fait semblant de rien, comme si tout,

    on parle de

    ou peut-être pas

    tu me chuchotes que

    et je ris

    -d'un rire gorgé de lumière de soleil-

    nos rêves sont cousus de clarté

    de quoi douter quand le monde a disparu ?

     

    Nos frontières s'étendent jusqu'au bleu de tes yeux

    bleu du drap bleu du ciel bleu

    jusqu'au bleu des nuages qui déménagent dans nos bleus de l'âme

    -jusqu'au bleu du temps bleu qui n'existe plus.

     

    Tu me murmures que

    et tu rajoutes que

    tu parles de cette

    ou plutôt de ces

    le soleil rajoute lui

    c'est ça

    oui

     

    Le joli jaune sur ton corps de papier, c'est le soleil et c'est de l'amour,

    c'est le temps qui n'existe plus, les rides qui se tracent au fond de nos rires,

    ce sont les mots effacés, affadis par la lumière, c'est la musique de nos corps qui tintent,

    qui se heurtent dans le carillon des cloches, seules rescapées de la matinée, sonnant l'abandon dans le soleil.

     

    La jolie lumière sur notre amour de papier,

    c'est celle des petits matins décousus de tendresse, qui empoisonnent les rêves des enfants-mirages.

    ~

    Soleille-moi

    « Source : Tumblr des poètesLa Clara bleue »

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