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(jour 15)
j'ai oublié que je pouvais ne pas écrire que sur toi
me le suis rappelé comme par hasard
ah oui c'est vrai je peux parler d'autre chose
tu ne me définis pas
et ton regard ne m'englobe plus toute entière
ah oui c'est vrai je peux écrire sur d'autres que toi
me le suis rappelé en sentant le courant d'air chaud qui venait
de la mer embrasser mon visage
ah oui c'est vrai tu ne me définis plus toute entière
je peux enfin fermer les yeux sur notre histoire
et commencer à encrer sur ma peau d'autres empreintes
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(jour 14)
à toi.
la clara de sel et de sable
la clara d'ombre et de secrets
aux itinéraires dissimulés
aux mensonges dans le demi-jour
au corps froissé
au petit vélo rose aux roues diamètre 25, taille si inhabituelle dans le monde des bicyclettes
il faut tout lui faire sur mesure à ton vélo
mais c'est pour ça que je l'aime tu leur dis
parce qu'il ne rentre pas dans les cases et que pourtant il s'obstine
à force d'exister ils finiront bien par le voir
et alors –
à toi
la clara d'encre et de poussière
la clara d'orage et d'absolu
à la poursuite des peaux, des non-dits et des chats
toujours en train de s'évader de quelque part
la clara aux cuisses bleues
à l'amour bleu
aux mains bleues
couvertes de petites cicatrices
souvenirs pérennes que la peau n'est rien face au métal
à toi
la clara mangeuse de soleils, de nuits et de kilomètres
aux mille vies en parallèle
à moi
et à cette obstination de vivre
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(jour 13)
incendies
je lis ce mot à chaque fois avec la même intensité et le même rythme que dans la chanson de notre-dame-de-paris, déchiré, je suis un hom-me dé-chi-ré, je suis un hom me dé chi ré
in cen dies
je le lis de la même manière, incapable de donner une autre forme à ce mot que ce cri du coeur.
qui, du silence ou des syllabes, impacte le plus l'âme? ce mot découpé, tranché comme au scalpel, il s'étend et prend toute la place. de l'importance des blancs au milieu des phrases, au milieu des mots, il faudrait, arriver à écrire les pauses, à écrire les espaces, les interlignes, les endroits sans paroles, les mains qui parlent à la place des mots obtus, abscons, il faudrait, arriver à traduire ces instants où les mots ont épuisé tout leur sens, alors il ne reste plus que les corps, les peaux, les yeux, les gestes, les sons, puisque les mots sont sans but, saccadés, saccagés, puisque les mots sont sans retour, sans âme, sans fond. de l'im por tance des silences.
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(jour 12)
la recette du pain perdu
il faut
casser deux oeufs et deux âmes
dans un saladier ébréché fouetter les folies furieuses en mousse douce
laisser reposer au moins une nuit à froid
sans les larmes
il faut
mélanger deux cuillères à soupe de sucre, de cannelle et de confiance
laisser s'écouter le lait
creuser une fontaine, une oasis, dans la mousse douce pour y glisser les éclats de coeur
les enrober de farine pour qu'ils ne glissent pas au fond du plat
préchauffer les bras de l'autre pour se prévenir du froid, glacial et coupant, des mots mal accordés qui désossent et éviscèrent
il faut
une fois le mélange terminé
(surtout ne pas faire monter le tout en neige, le blanc cassé ne retranscrit jamais correctement les tumultes des intransigeants)
une fois le mélange terminé
il faut
beurrer le moule et protéger les parties humides:
les muqueuses, les larmes et les meurtrissures
d'un papier cuisson où rien ne s'y accroche
enfin
enfourner le tout à hauteur d'homme
pour cela il faut au préalable avoir déjà perdu toute contenance
laisser cuire le temps d'une berceuse à feu très doux
(ou le temps d'un mensonge à feu très vif)
sortir lorsque les cris de la pâte ne sont plus que des sanglots
alors à ce moment précis
décréter: coupable
définitivement coupable
sans jamais le dire, toujours il faudra le sous-entendre
décréter: coupable
saupoudrer de sucre glace, laisser refroidir et servir frais
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