• (jour 19)

     

    de la voix velours j'ai tout       : les images qu'il m'a offertes et    peine de monter l'escalier beige et    soulagement de me rencontrer de l'autre       du miroir et le pouvoir d'écouter       les sons pour soudainement ne plus     entendre un seul et cette expression “       une ferrari de l'émotionnel” et la                  de faire un pas en avant              seule et la couleur de la          enfoncée dans la tourbe la texture     sa poignée la forme du chambranle     le pardon c'est grave il a      pardon clara mais c'est très grave     qui est arrivé et bravo il    dit aussi il a dit bravo clara


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  • (jour 18)

     

    il n'est pas dit que les fougères savent chanter: c'est une conclusion inhabituelle elle me chuchote. et que fais-tu alors du bruissement de leurs longues feuilles sur la mousse encore humide? je m'entête: pas un chant, juste un mensonge. il est si facile de croire à la main tendue d'une liane qui se déshabille pour tes yeux seuls. c'est indolore jusqu'au jour où tu découvres qu'elle a foré jusqu'à ton coeur. lorsque ta poitrine se décline plus nid de termites que bunker anti-atomique, aucun cataplasme ne saura colmater le tout. l'heure des chants est close. c'est la gorge rêche d'avoir trop aimé qu'on s'endort pour un sommeil sans repos. on meurt de soif auprès de la fontaine: son eau n'est ni pour les évadés ni pour les irrésolus. il y a dans cette danse un absolu qui s'ignore: celui des âmes qui veulent tout vivre. qui peuvent tout vivre. ces fougères qui ont l'âme assez extensible pour en extraire toutes les émotions à l'état net. les fougères ne chantent jamais je répète: elles hurlent. elles vociférent. elles tempêtent et fracassent et broient. elles savent qu'il n'y a que le cri pour retranscrire ce que c'est de vivre.


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  • (jour 17)

     

    liste de mes endroits préférés:

    très loin dans la mer, là où le corps n'est plus un tout mais un très petit, petit rien

    le caillou plat en haut de la pinède la nuit

    sur ma bicyclette rose

    entre les lignes 

    liste de nos succès:

    quatre

    liste de ce que j'ai retrouvé:

    l'envie d'apprendre (et dieu sait que je l'avais perdue depuis longtemps)

    le maillot aux coquelicots qui date d'un très vieux poème

    liste de ce que j'ai perdu:

    sa confiance

    liste de plantes reçues ou données:

    la crassula aux coeurs en feuille

    le ficus de maman

    la glycine bouturée et offerte au cycliste belge

    liste de mes petits bonheurs:

    son rire

    -

    son rire

    liste de ce que je ne suis plus:

    à toi


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  • (jour 16)

     

    des morceaux de nuit encore accrochés aux épaules, tu as tourné le dos et la tête et le coeur. toi aussi tu joues au grand jeu des kilomètres à travers le corps: tu gagnes. à chaque départ j'ai l'impression que tu partiras plus loin. que tu me seras alors plus étranger, plus inaccessible, plus autre. chose étrange que la distance quand elle s'installe entre deux amants: à la fois promesse et poignard. des lambeaux de ciel plein les mains, j'ai nettoyé ton grand vide au savon de marseille. le miroir est sans tâches. notre terrier un souvenir. qui ramasse les fragments de nuages brisés lorsque l'aube se casse la gueule? il y a dans l'air comme un goût de fin du monde: mais quelque part c'est un peu la fin d'un monde. elle se clôture, cette parenthèse d'entrevie que nous esquissions, patiemment, chaque matin à quatre mains dans le sable. elle se termine l'ode à la paresse ponctuée de ton rire. toi aussi tu joues au grand jeu des kilomètres: sauf que tu gagnes. ton vol de nuit n'est qu'un aller simple vers cet ailleurs qui s'égraine loin de moi. j'ai beau faire des noeuds à tous les nuages, je ne saurais pas te demander le demi-tour. fatalement, c'est un peu la fin d'un monde: le nôtre.


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