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il n’y aurait pas pu avoir de titre plus doux que celui d’aujourd’hui
pas d’accroche plus tendre que celle-ci
c’est qu’il faut des mots de coton pour inviter à l’écriture
retourner à l’écriture, revenir à l’écritureaoût nous étouffe, et pourtant sous la chaleur l’encre sèche
- celle qu’on verse, opiniâtre, sous les rhododendrons
celle qu’on glisse, secrète, chaque fois plus proche du cœurà chaque matin où je croise l’ami bleu gyrophare, il me donne
de ses nouvelles, et le titre du nouveau chapitre de sa vie
(à croire que je ne le croise qu’une fois par chapitre
ou bien que sa vie défile plus vite que la mienne)
cela semble lui faire tant plaisir, à l’ami,
de s’essorer les émotions pour me nommer leurs textures
leurs formes, leurs couleurs, leurs murmures,
lui qui sait, rien qu’à leur évocation, quel goût avaient les larmes.
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il te faudra rester à mes côtés si tu veux me lire encore
rester le long de mes côtes et subir la longue rengaine
- litanie de mes cicatrices encore ouvertes
jamais recousues
suantes du pus des affaires vieillissantes -
c'est comme un caillot d'encre et de sang
le grand secret et la grande déchirure
- mes deux grands silences -
à nous de se faufiler entre les lignes
pour émietter sans être vus
les premiers mots d'une vie tout autre
loin des liens qui nous unissent
qu'il est long le lent tissage
d'une liaison avec l'absence
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il faudra souvent se dire
je ne demande pas la permission
à personne d'autre que moi-même
la flamme qui à chaque fois m'étreint
trop peu souvent m'embrase suffisamment
pour me décider à tout brûler, enfin
de mes deux mains percer leur empreinte sur ma poitrine
il faudra que mon corps tout entier tienne dans leur étreinte
deux mains, c'est tout ce que j'ai à m'offrir
c'est quelque part tout ce dont j'ai besoin
je me surprends souvent à souffler sur les braises
on dirait que j'essaye de gober l'espoir à même l'âtre
cela fait longtemps que j'ai les dents tâchées de cendre
qu'il est long le temps nécessaire
à détacher une à une toutes les mains que tu m'as cousues au corps
aujourd'hui j'apprend la violence
de n'exister que pour soi-même
il faudra souvent se dire
je ne demande pas la permission
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je me rappelle de l'homme dentelle qui me fustigeait de ne plus écrire
alors qu'il embrassait à pleine bouche sa nouvelle manie de se rendre invisible
je lui demandais souvent
je te dois ma vie griffée sur du papier tandis que tu choisis de ne plus vivre
te rends-tu compte de l'ironie de la chose?
il me disait mais bleuet tu as du talent tu te dois d'écrire
- sauf que je ne le crois pas
j'ai simplement appris à vivre comme dans un poème
et depuis ce postulat les mots viennent de par eux-mêmes
tâcher de leur lourdeur jusqu'à mes angoisses
ne plus écrire est ma manière de ne plus vivre à moi
et quelque fois je me fais la violence de revenir
étrange dichotomie qui pourtant me pousse à grandir
- à chaque fois tenter de rester plus ouverte encore au monde
apprendre à s'écorcher-vivre
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