• il n’y aurait pas pu avoir de titre plus doux que celui d’aujourd’hui
    pas d’accroche plus tendre que celle-ci
    c’est qu’il faut des mots de coton pour inviter à l’écriture
    retourner à l’écriture, revenir à l’écriture

    août nous étouffe, et pourtant sous la chaleur l’encre sèche
    - celle qu’on verse, opiniâtre, sous les rhododendrons
    celle qu’on glisse, secrète, chaque fois plus proche du cœur

    à chaque matin où je croise l’ami bleu gyrophare, il me donne
    de ses nouvelles, et le titre du nouveau chapitre de sa vie
    (à croire que je ne le croise qu’une fois par chapitre
    ou bien que sa vie défile plus vite que la mienne)
    cela semble lui faire tant plaisir, à l’ami,
    de s’essorer les émotions pour me nommer leurs textures
    leurs formes, leurs couleurs, leurs murmures,
    lui qui sait, rien qu’à leur évocation, quel goût avaient les larmes.


    votre commentaire
  • il te faudra rester à mes côtés si tu veux me lire encore

    rester le long de mes côtes et subir la longue rengaine

    - litanie de mes cicatrices encore ouvertes

    jamais recousues

    suantes du pus des affaires vieillissantes -

     

    c'est comme un caillot d'encre et de sang

    le grand secret et la grande déchirure

    - mes deux grands silences -

     

    à nous de se faufiler entre les lignes

    pour émietter sans être vus

    les premiers mots d'une vie tout autre

    loin des liens qui nous unissent 

     

    qu'il est long le lent tissage

    d'une liaison avec l'absence

     


    1 commentaire
  • il faudra souvent se dire

     

    je ne demande pas la permission

    à personne d'autre que moi-même

     

    la flamme qui à chaque fois m'étreint

    trop peu souvent m'embrase suffisamment

    pour me décider à tout brûler, enfin

     

    de mes deux mains percer leur empreinte sur ma poitrine

    il faudra que mon corps tout entier tienne dans leur étreinte

    deux mains, c'est tout ce que j'ai à m'offrir

    c'est quelque part tout ce dont j'ai besoin

     

    je me surprends souvent à souffler sur les braises

    on dirait que j'essaye de gober l'espoir à même l'âtre

    cela fait longtemps que j'ai les dents tâchées de cendre

     

    qu'il est long le temps nécessaire

    à détacher une à une toutes les mains que tu m'as cousues au corps

    aujourd'hui j'apprend la violence

    de n'exister que pour soi-même

     

    il faudra souvent se dire

    je ne demande pas la permission


    2 commentaires
  • je me rappelle de l'homme dentelle qui me fustigeait de ne plus écrire

    alors qu'il embrassait à pleine bouche sa nouvelle manie de se rendre invisible

    je lui demandais souvent

    je te dois ma vie griffée sur du papier tandis que tu choisis de ne plus vivre

    te rends-tu compte de l'ironie de la chose?

    il me disait mais bleuet tu as du talent tu te dois d'écrire

    - sauf que je ne le crois pas

    j'ai simplement appris à vivre comme dans un poème

    et depuis ce postulat les mots viennent de par eux-mêmes

    tâcher de leur lourdeur jusqu'à mes angoisses

    ne plus écrire est ma manière de ne plus vivre à moi

    et quelque fois je me fais la violence de revenir

    étrange dichotomie qui pourtant me pousse à grandir

     

    - à chaque fois tenter de rester plus ouverte encore au monde

     

    apprendre à s'écorcher-vivre


    1 commentaire