Pour la ruelle enfumée

pour le vibrato de mes tympans

pour la pureté du voyage

pour le bus qui berce et transperce

les transparents de tout Lausanne.

Pour ne pas laisser le papier à nu

pour te regarder encore longtemps fumer dehors

pour t'apprendre

pour les rythmes qui remuent les tripes,

pour les allemandes poètes aux langues légères,

pour lutter contre l'oubli assassin,

décrire les nuages funambules de ciel et

le poids amoureux de ton coeur sur mon corps.

Pour la musique qui redémarre en fanfare,

les poumons enfumées, les mains fermées,

la lutte contre la mort-escalier,

pour faire comme si

(de rien n'était)

pour le chat vert en porcelaine qui ne finit plus ses assiettes,

qui se coiffe en nid de poussin blanc.

Pour devenir présidente de ton corps

pour chorégraphier les mots

calligraphier les images bancales de nos esprits lézardés

pour rester la transparente-renversante

le lutin, le soleil vert,

l'amoureuse des mots oubliés.

Pour lutter contre l'ennui têtu

évacuer la peur indicible

la tendue-craquée de ma colonne;

Pour oublier un peu plus vite

guérir un peu moins lentement

pour tout ça

pour tout ça et tant d'autres encore

~