• Ma chère Ludivine,
    J'ai eu, comme ça, soudainement envie de t'écrire, tu sais, ce sont mes petites lubies bizarres, celles dont tu aimes tant te moquer habituellement. Comment vas-tu ? Moi... Disons que ça aurait pu aller mieux.
    J'avais envie de t'écrire d'abord parce que tu me manques. Toi et les autres, notre groupe, notre cocon. Depuis que vous êtes toutes parties, j'ai l'impression d'être toujours sur la défensive au lycée, de ne jamais pouvoir me détendre complètement comme avec vous.
    Si tu savais à quel point je rêve d'une pyjama-party toutes les cinq, comme avant, sans soucis, quiproquos, disputes et bagarres. Ou alors un fou rire tout bête, mais qui ne ferait rire que nous cinq. Anne-Flore et moi contre le reste du monde, je t'avouerai que ça fait un peu beaucoup de gens à éviter. Mais bon, ce n'est pas le sujet de cette lettre, ça n'en est que la cause...
    Je voulais t'écrire juste pour te dire que je t'aime. Il faut le dire tout le temps à ceux qui comptent, à ceux qui sont les plus chers à nos yeux, c'est une leçon que j'ai récemment apprise. Douloureusement.
    Alors voilà, je t'aime. Et si la tendresse était tangible, j'en bourrerai cette enveloppe pour que tu puisses la recevoir. Même si on a eu nos disputes, nos larmes, nos colères et nos crises, je voudrais tout effacer, et ce grâce à trois petits mots, qui peuvent pourtant accueillir tout l'amour du monde : je t'aime. Alors au nom de ce lien qui nous lie, et que l'on nomme amitié, j'aimerai te souhaiter la meilleure vie du monde. Je t'envoie tout le bonheur possible et inimaginable, toute la joie, tous les rires, sourires et fous rires du monde, et en particulier les miens. Si je pouvais les glisser dans cette lettre, j'y mettrai tout l'amour, toute la tendresse dont je suis capable, pour te les offrir, et pour voir tes yeux briller. Pour les voir briller de cette petite étincelle, de cette petite flamme, ténue, et qui pourtant pourrait me faire soulever des montagnes. Tu es une amie inestimable Ludivine. Tu mérites tous les compliments du monde, et ce parce que tu restes toi, et pas une autre. Tu as le courage que je n'ai pas, celui de t'offrir aux regards des autres, sans peur, sans honte et sans fausse pudeur. Tu restes toi, entière, pleine, vivante, belle.
    J'imagine que si j'avais envie de t'écrire aujourd'hui, c'est parce que je me suis rendue compte de la chance que j'ai de t'avoir comme amie.
    Alors merci. Merci pour tout, pour toi, pour nous. Merci pour tous tes mots, tous tes sourires et tes appels, pour tous mes souvenirs si heureux avec toi, pour tous nos moments passés ensemble ou éloignées. Merci pour ta compréhension, pour ton aide dans les moments difficiles, merci pour tes conseils, tes reproches et tes compliments. Merci de m'avoir acceptée comme amie, tout simplement.
    Merci de m'avoir supportée durant tout ce temps. Je sais que je ne suis pas toujours facile, ce qui rend ton amitié plus importante encore à mes yeux. Et sache que tous les jours où je me taisais, renfermée et silencieuse, lorsque je vous laissais tomber pour aller m'isoler, tout au fond de moi je vous remerciais. Parce que vous saviez différencier les jours où vous pouviez sans trop d'efforts m'arracher à mon mutisme, et ceux où il fallait me laisser seule. Parce que vous ne posiez pas de questions, et que tu m'a acceptée en sachant ce que j'étais.
    C'est toi qui ma redonné espoir dans les passages les plus noirs. Alors merci. Pour tout.
    Et la prochaine fois, laisse-moi t'aider. Laisse-moi sécher tes larmes comme tu as séché les miennes. Laisse-moi te délaisser de tes problèmes, et partage ton fardeau avec moi. Je suis plus solide maintenant, peut-être même moins lunatique je crois. Le fait est que je veux t'aider, comme toi tu m'as aidée, pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi.
    Je t'aime Ludivine, ne l'oublie pas.
    Je te souhaite tout le bonheur du monde.

    Clara.


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  • Cher Alexandre.

    Je m'excuse de ne pas vous avoir écrit plus tôt.
    Je m'excuse de vous répondre si tard, et si longtemps après.
    Je m'excuse, j'avais la tête, vous savez, tout là-haut,
    Et les pieds enfoncés dans un sol si dur et épais.

    Plus de liberté, vous savez ce que c'est,
    Vous, que d'être enfermé toute la journée.
    Emprisonnée, non pas par des barreaux de fer,
    Mais par ce monde dans votre tête, ou plutôt cet enfer.

    J'ai vécu là-bas huit mois durant... enfin là-bas, vous me comprenez.
    Une tête, c'est tout petit, et pourtant je pus m'y retrancher.
    Huit mois j'y suis restée, vous en rendez-vous compte ?
    Huit mois de silence, huit mois de lent décompte.

    Et à mon réveil, devinez ce que j'ai trouvé ?
    Des nouvelles étranges, mais point surprenantes.
    Quelques morts tristes à déplorer, mais la plus étonnante,
    Reste sans aucun doute la vôtre, mon cher protégé.

    Certes, cette affaire n'avait pas tourné comme vous le souhaitiez,
    Mais qu'est-ce qu'un contrat raté dans l'océan de vos réussites ?
    Vous me répliqueriez certainement qu'il vous aurait certainement coulé,
    Que le bilan serait devenu irréversiblement pessimiste.

    Mais qu'est-ce que la mort vient faire là ? Quel sacrifice inutile !
    Vous me décevez mon cher. Etiez-vous devenu si futile ?
    Une tache sur votre honneur bien plus que douteux
    Aurait donc réussi à vous faire baisser les yeux ?

    Que de gâchis ! Surtout lorsque que j'ai lu votre dernière lettre.
    Tristes nouvelles ! Apprendre que de moi dépendait votre destin,
    Et l'apprendre si tard après, en sachant que, peut-être,
    J'aurais pu facilement vous éviter ce si dangereux chemin.

    Mais ce n'est pas de cela dont je voulais vous entretenir.
    Je voulais que vous sachiez que, si je n'ai pas ce jour-là pu venir,
    C'est parce que je n'avais pas été mise au courant à temps.
    Des nombreux méandres où vous avaient entrainé vos tourments.

    Je voulais donc, avec toute la sincérité du monde,
    Vous prier humblement et aimablement de m'excuser.
    Lorsque je fus pendant si longtemps coupée du monde,
    J'ai pu longuement ressasser mes erreurs passées.

    C'est pourquoi, aujourd'hui, je vous écris cette lettre.
    Pour que vous puissiez enfin comprendre mon repentir,
    Pour que vous compreniez enfin, que, peut-être,
    La faute venait de moi sans vraiment en partir.

    Mon cher ami, mon cher amant, mon précieux Alexandre,
    Celui que tous appelaient le chevalier aux yeux d'ambre,
    Vous me voyez donc sincèrement et tristement désolée
    De n'avoir à votre dévouement eu une réponse plus empressée.

    Bien amicalement,
    Flavia.


    Post Scriptum :
    Je n'oublie pas que vous êtes mort,
    Mais sachez bien que vous aviez tort.


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