• les bateaux perdus

    oublie

    le son des pas doux comme du lierre

    le bruit des pieds silencieux comme des pierres qui rouleraient dans un escalier de murmures

    oublie

    le toucher soyeux du lit vide

    les jacinthes qui piquent du nez dans leur pot trop petit pour leurs bulbes de rêves

    l'odeur imperceptible

    cette envie toujours d'ouvrir la fenêtre en GRAND

    en grand comme pour y jeter sous la gouttière la voix grave des contradictions

    ce lent soupir qui grise les demi-jours

    qui brise nos demi-vies

     

    oublie

    (la décolleuse à mensonges)

    et laisse les basses assassines venir perforer nos tympans

    dans la musique noyer les réflexions stériles

    et laisser danser l'épaule

    droite et puis peut-

    être la gauche aussi, délimiter du bout du corps les

    limites de la danse qui soudain-

    -ement s'invente une possible existence

     

    oublie

    la vase dans le crâne qui obstrue jusqu'aux larmes

    et jette ton corps mordu dans les décibels désinfectants des jours de grand vent

    face à la bouche pleurer ses petites morts

    face à la bise saluer les bateaux perdus

    et à la première bourrasque

    aller poser les doigts sur le grand ventre du ciel

     

    pour y griffer immensément nos amertumes dans la grande décousure des jours fissurés

    qui subitement ne s'empilent plus tout à fait aussi bien qu'avant

    ~

    Jay Fleck 

    « la peintrartisteSWMRS - Lose It »

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