• Le sommeil et moi

     

    Tu danses la nuit toi oui je le pensais bien tu as l'air de faire partie de ces funambules qui zigzaguent entre les heures noires et les matins blêmes tu dis pardon ah que ce n'est pas une danse mais une fuite tu fuis les minutes infanticides qui te coursent comme autant de piétons acharnés tu prépares ton permis entre vingt trois heures et minuit j'entends bien je t'entends pardon ah toi tu ne m'entends pas mais pourquoi donc quelle drôle d'idée tu es bien sûre de toi ?

    ~

    Moi je m'éteins un peu comme le soleil qui part en voyage chaque soir pour ne rentrer que tard les lendemains matins, comme les yeux des sans-espoirs, comme les yeux des parfois-présents à qui il manque quelque chose, je m'éteins un peu, beaucoup passionnément à la folie, je m'éteins un peu tous les jours et un peu toutes les nuits, je m'éteins quand tu pars, je m'éteins quand tu me quittes, je m'éteins un peu comme les radiateurs que l'on coupe comme le chauffage qui s'affole, je m'éteins comme les feux follets les feux d'artifice les feux-fuyants comme les lucioles comme les belles de nuit le jour comme les étoiles fatiguées la nuit, je m'éteins entre deux paupières deux quais de gare deux baisers

    je m'éteins dans la nuit qui me berce et me promet des lendemains indolores, dans mes rêves au parfum d'améthystes anciennes, je m'éteins au plus profond de moi-même, sur les derniers pupitres, sous tes yeux un peu éteints un peu confus un peu trop loin, je m'oublie entre deux arrêts cardiaques, deux métros loupés et deux battements de coeur 

    je m'oublie entre deux de tes battements de coeur entre deux de tes sourires entre mille souvenirs de toi à mille miles de tout lieu habité, je m'endors comme le petit prince, je m'endors comme la fatigue elle-même, je m'endors un soir et je m'endors en poème, je m'embrase à rappeler vainement tes mains sur mon corps à me rappeler tes yeux sur moi ta présence sur la mienne, je brûle de te retrouver de t'attendre de t'espérer à la gare de te voir enfin de te voir enfin

    je brûle de te voir sourire enfin

    je brûle tant -tout trop- je m'éteins

     

    je me consume de te peindre dans mes absences

    je m'oublie entre deux battements de coeur

    je m'embrase à t'attendre dans la nuit qui s'éteint

     

    alors je m'éteins dans la nuit qui s'embrase à son tour

    dans la nuit plus si obscure la nuit qui devient jour

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