• La poussière dansait dans les mers, et se cristallisait dans le ciel - Jour 8

    Le réveil m’a tiré une langue boudeuse, du coin du parquet où il se laissait impatiemment moisir, faisant chanter dans ses décibels stridents la promesse d’un lever douloureux. Le nuage est parti comme un éclair, en quelques secondes à peine, peigné, coiffé, parfumé, à moitié habillé, il me lançait dessus mes vêtements froissés et mal accordés pour que je me lève à mon tour. Il a rattaché autour de ma taille le bracelet qui avait glissé pendant la nuit, m’a tendu mes bagues, petites menottes de phalanges bleues.

    Impossible. À chaque essai de quitter mes draps, chaton infirme, je revenais me blottir dans le creux encore chaud que nos corps avaient laissé dans mon matelas. J’avais cinq cent respirations en trop dans le cœur, un short sur mes cuisses bleues alors que la pluie tintinabulait sur la poussière des tuiles au-dehors. J’ai essayé de parler, un peu, de raconter au nuage la douleur en nid d’oiseau enfoncée dans ma petite poitrine débraillée. Les mots dansaient presque dans l’air, mais il voulait les forcer en-dehors de ma bouche quand je ne suis capable que de les laisser couler dans les très longs silences protecteurs.

    Affamée de tendresse, je cherchais ses bras quand il a trouvé le temps long, et, envolé, il est parti en me laissant plus de silence que de baisers.

    Alors j’ai sorti les larmes qui n’avaient pas su baigner la nuit, entimidifiées par sa présence endormie ; cachée dans un mur, j’ai pleuré ma vie tandis que le nuage conduisait à travers toute la ville, à la recherche de café et de souvenirs.

    La poussière dansait dans mon cœur asséché, sur les tuiles détrempées, sur la ville, les mers, dans l’absence de la mère, et se cristallisait dans le ciel, flocon d’absence, cadeau fractal du nuage en cavale.

    « Putain ! Où sont les hommes quand il faut se salir les mains ? - Jour 7En avant la jeunesse ! - Jour 9 »

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