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La complainte des translucides
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et cacher les mains dans ses manches
et cacher ses rêves sous des conditionnels imparfaits
et cacher des trésors enterrés dans son jardin secret
et cacher des plaisirs dans tes draps
et cacher les larmes dans les nuits de pluie
et cacher le désordre de l'intérieur sous l'absence
et cacher l'absence par des fous rires
et cacher les fous rires dans sa manche.
Cacher l'espoir sous l'impavision
cacher la tristesse sous les masques aux murs
cacher la surveillance sous l'inattention
(cacher mes mains sous ton t-shirt)
cacher les textes tristes dans des carnets froissés
cacher le froid sous des pyramides de pulls
cacher les cauchemars dans les armoires
les squelettes périmés dans les placards
la conscience assassine dans les tiroirs
et les allumettes sous les trottoirs.
Cacher la lumière dessous la couette
cacher l'incertitude affamée sous le silence
cacher la douleur sous le sommeil saccadé
cacher les cernes sous les paupières closes
et te cacher le manque aux allures de vautour vorace.
Te cacher le manque et
te cacher le vide et
te cacher l'angoisse
te cacher la soliture et
les nuits sans fins
les batailles sans vainqueur
te cacher la peur affreuse
la poinçonneuse de poitrine
te cacher le trou entre mes côtes
te cacher ma déconfiance
mes doutes nocturnes
mes hontes de petite fille
te cacher la tristesse amère sous
les sourires écran de fumée;
te cacher mon corps et
te cacher ma vie et
me cacher sous la nuit et
pourtant
espérer sans fin sans faille
qu'un jour
-une nuit peut-être-
tu viendras me chercher
quand même
-espérer sans fin sans faille
qu'un jour peut-être
tu m'apprendras et
j'apprendrai à parler
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