• (jour 7)

    (jour 7)

    “Ecrire à quelqu’un est la seule manière de l’attendre sans se faire de mal.”
    Baricco, Océan-Mer

    Quelle vie débordante d’écriture il me faudrait mener si je voulais correspondre à cette phrase. Et pourtant même dans l’écriture l’absence me transperce.
    Quand j’écris “je rêve tes caresses en bleu nuit sur ma peau grise”, la distance entre tes mains et mon épiderme me déchire. Quand je glisse dans l’enveloppe mes baisers les plus tendres et un fantasme et demi, j’ai mal de ton vide. Quand j’imprime au papier la forme de nos corps qui dansent, qui de la feuille ou de tes lèvres crois-tu que j’espère les baisers ?
    T’écrire n’est pas la seule manière de t’attendre sans me faire de mal. Parfois je t’attends dans mon bain et quand j’entends tes clés dans la serrure, je m’engloutis dans mon océan domestique en attendant que tu te drapes de buée. Parfois je t’attends dans mon lit et quand tes bras se glissent autour de moi, l’attente passe d’amère à douce. Parfois je t’attends dans mon livre et soudainement je lève les yeux et tes doigts valsent avec les pages. Je peux t’attendre de mille manières non-violentes, patienter des heures longues et douces car j’ai appris l’amour à distance, les kilomètres à travers la gorge et les trains qui nous roulent sur le corps. J’ai connu les quais de gare tantôt prison tantôt euphorie, les cartes de réduction pour amour moins cher et tous ces jours-sans. J’ai appris l’attente en lui rentrant dedans, et sa douceur ne passe pas uniquement par l’écriture, qui elle-même dans les vapeurs de ses rappels peut se faire bien plus cassante que tendre.

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