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(jour 6) - cinq fois
cinq fois
c’est le nombre de jours où je vais devoir m’harnacher de courage,
empoigner mon vélo et courir sur les toits de lausanne,
rouler de la montagne à l’eau, d’une traite ;
cinq fois
c’est le nombre de fois où je vais franchir la grande porte rouge,
sauter à travers les cerceaux enflammés des biologistes aphones,
jongler avec leurs réponses qui n’ont plus de sens ;
cinq fois, et puis ce sera fini –
enfin je vais pouvoir clôturer les cinq dernières années
emballer ce temps précieux, ce temps passé,
et le laisser, archivé, dans un coin de mon crâne
de mes cinq années de non-ingénieure
je retire un amour immense pour les mathématiques, la logique, tout ce qui s’embrique et se dérive selon des règles fixes
je repars avec cinq amis : le doux-ami, violette mon moineau, le garçon myosotis, l’ami bleu-gyrophare et le chimiste fou, bicéphale
je m’échappe avec une maturité folle ; et, glissée dans la même certitude, ce savoir que je suis capable d’apprendre bien plus encore
de mes cinq années de non-ingénieure
je rentre avec du cambouis plein les mains, et le son des clés qui tintent contre l’alu
(la poésie de la peau froide qui se déchire sur le métal – mes amours de bicyclettes)
je m’éclipse avec la gratitude d’avoir trouvé où aller, avec l’euphorie de me savoir partir
je m’éloigne le dos cousu de cicatrices, le corps racommodé, des sparadraps plein les cheveux, les yeux à demi-clos ;
de mes cinq années de non-ingénieure
je m’évapore sans un au revoir
simplement, je vous quitte
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