• (jour 5)

    (jour 5)

    Transexualité

    j’ai choisi un thème qui m’intimide parce que je voudrais poser mon point de vue de timide sur la question. Je ne connais la transexualité qu’à travers la littérature : journaux, magazines, mais surtout, surtout internet. J’ai lu sur des forums des articles écrits par des auteurs dont le sexe et le pronom qu’on demandait d’utiliser n’étaient pas accordés. Une de mes chanteuses préférées était un homme. Voilà mes seuls rapports avec le monde trans : personne dans mon entourage ne m’a dit l’être, proche ou éloigné; seule la lecture m’apprend et me confirme leur existence.
    Je me demande souvent ce qu’il faudrait le jour d’une possible rencontre : aurais-je le droit d’être curieuse ou me comporterais-je comme une mamie devant une bête de foire ? Quels pronoms utiliser et est-ce grave si je me trompe au départ ? Comment ne surtout pas blesser cet autre tout en ne lui donnant pas non plus l’impression de le traiter comme un bibelot fragile ? Comment me comporter devant cette personne qui me soulève tant de questions ? Car dans mon crâne je me demande : comment peut-on naître femme et grandir homme ? Quel effet cela fait-il ? Est-ce douloureux ? Se sent-on déraciné, désaccordé, malhonnête envers soi-même ? Comment sait-on que son genre n’est pas cohérent avec son sexe ?
    Dans un autre contexte, bien que proche du nôtre, contexte de l’amour, j’ai pris le pli de ne penser que très peu aux barrières et autres labels. Dans ma tête, je n’ai que faire des étiquettes tant que l’amour et le respect sont là : dans ma tête, on peut aimer comme on veut -tant qu’on veut-, du moment qu’on ne fait pas de mal -dans l’ordre- ni à soi-même ni aux autres.
    J’aurais tendance à transposer cette manière de penser au monde trans, sans savoir si c’est une insulte ou un pavé dans la mare : tant qu’il y a -dans l’ordre- du respect et de l’amour (le premier est atteignable, le deuxième me questionne, mais dans un sens tout personnel), alors je n’ai que faire des étiquettes.
    Mais ai-je le droit à cette simplification ? Ne minimise-t-elle pas les efforts fournis à ces êtres pour être au clair avec eux-mêmes sur leurs personnes ? Ne gomme-t-elle pas cette frontière importante -je n’en sais rien finalement- du mot trans ?
    Je suis avide, avide de ces réponses, mais timide, timide - jamais je n’oserais poser ces questions à une connaissance tout juste rencontrée qui aurait eu l’idée de me partager sa transexualité, par peur, crainte de le blesser. J’envisage ces questions dans le cadre feutré d’une amitié où des deux côtés on sait évidemment la volonté de meurtrir absente, et où les éventuelles blessures seraient totalement accidentelles et aussitôt oubliées.

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