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J'ai appris hier - Jour 11
J’ai appris aujourd’hui
- enfin, il est si tard, peut-être bien que c’était hier tu sais -
appris beaucoup de choses
sur moi ;
j’ai essayé de réfléchir,
un peu,
parce que je ne veux pas emporter cette glue de sentiments au bord de la bleue.
Je me suis posée face à la feuille et
très honnêtement
j’ai demandé
qu’est-ce qui ne va pas Clara ?
Pourquoi es-tu si triste ?
Qu’est-ce qui t’empêche de vivre ?
Qu’est-ce qui t’empêche de vivre ?
Et la feuille a répondu
- après quelques larmes bien entendu -
mon comportement actuel est biaisé et blessé en partie par cette envie de succès
qui assèche mon cœur et le fait souffrir puisqu’elle n’est pas comblée.
J’ai besoin de réussir
depuis toute petite
pour avoir le très bien de la maîtresse
le très bien de mes parents
pour avoir la gommette, le petit tampon, l’appréciation, la parole
qui me fera sentir comme une case cochée
- j’ai besoin d’être une case cochée
parce que je n’ai pas encore compris que je n’avais pas besoin de l’être –
alors,
pour faire comme si,
pour lutter contre l’abominable échec des neiges,
je me dis que j’ai réussi la moitié de ce que je souhaitais accomplir,
que c’est mieux que de ne rien réussir du tout
- mais je sais qu’il me pèse de ne pas avoir TOUT réussi TRES BIEN du PREMIER COUP -
comme d’habitude tu vois.
Je tente le succès partiel pour me consoler me réconforter
mais tout de même
ça gratte
un peu
et ça m’attriste
- et ça m’attriste que ça m’attriste
mais là je m’éloigne.
J'ai appris aussi que
je voudrais être capable de régler mes difficultés de manière autonome
ça c’est une autre envie ;
tu sais, le fantasme de savoir gérer sa vie comme les grands
avec des gestes de grand une voix de grand des réflexions de grand
- pas mes émotions de petite fille qui floutent et fluctuent et débordent tout le temps -
Je voudrais de la détermination
oublier mes états d’âme qui virent au pathétique,
je voudrais de l’objectivité, regarder les actes droit dans les yeux,
devenir petit à petit autonome
- bien que je connaisse l’importance des tuteurs et doute d’être capable de réfléchir un jour sans l’aide aucune des ces interrupteurs à penser -
satisfaire mes besoins sans être dérangée ;
- face au stress, je me réfugie très facilement dans mes endroits confortables, dans mes petites habitudes ou dans la douceur de ne rien faire,
je voudrais arriver à me reprendre en main,
me sortir de cette immobilité inconfortable
dans laquelle je
me complais
en espérant que le temps passe et l’emporte au loin.
Je me sens enchaînée, attachée aux journées qui traînassent, alors que rien ne me retient de faire ce que le soleil me dictera.
J'ai mis en mots que
mes doutes et mes angoisses prennent beaucoup de place et m’empêchent de
communiquer efficacement,
voir de communiquer tout court.
Cette difficulté à parler me rend encore plus triste,
parce que dans l'état d’esprit qui est le mien actuellement
j’ai besoin d’encore plus d’amour et d'amour et d'amour
que d’habitude.
J'ai appris que
mes angoisses m’angoissent.
J’ai du mal à arrêter de penser, à me séparer de cette négativité dont je m’entoure sans en vouloir.
Je sais que la situation changera dès que j’aurais le courage de m’attaquer à cette sensibilité interne qui m’étouffe et me vide peu à peu de toute ma substance.
Mais peut-être que ce sera pour demain.
L’encre frisotte, c’est l’heure pour le papier et la petite fille d’aller dompter la lune.
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