-
Don Par
Tous les jours pareils,
tous les soirs identiques;
on esquisse entre les voies
la comptine de la boîte en fer blanc
le violon dans les oreilles à fond
la fatigue qui suinte même des yeux.
Toutes les semaines toutes les mêmes
englouties par le monstre de ferraille
on y farfouille tous ensemble
on parcourt ses entrailles;
on s'y perd en espérant retrouver le jour
retrouver un sens à nos heures
qui se désassemblent en cadence.
(la décadence de nos silences)
Les minutes se ressemblent,
aggressives,
elles nous mordent l'intimité;
c'est qu'on se sent fragile
dans la boîte de conserve,
on vacille en rythme
dans nos armures de musique
on trébuche ensemble
en s'enfonçant nos regards pointus,
désintéressés,
bien au fond du coeur.
Les secondes sont bien longues
au fond de nos boyaux quotidiens
(mille fois arpentés, mille fois parcourus)
c'est qu'on se sent bien frêle
sous nos fontaines d'écharpes
nos forteresses de paupières closes
qui nous protègent bien peu
du froid qui exulte des pores humains.
Sombre armée d'hommes aux yeux fermés
aux oreilles pleines aux coeurs barricadés
elles passent lentement les secondes,
bringuebalantes,
rafistolées,
les secondes silencieuses des métros bondés.
~
-
Commentaires