• Bonjour tristesse, Françoise Sagan

    "- Que veux-tu que ça me fasse ? répondis-je brièvement.

    Il me regarda et détourna les yeux aussitôt. J'étais confondue. Je me rendais compte que l'insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d'arguments pour se défendre."

    p.63

     

    "Ulcérée, défaite par la rancune, un sentiment que je me méprisais, me ridiculisait d'éprouver... oui, c'est bien là ce que je reprochais à Anne; elle m'empêchait de m'aimer moi-même. Moi, si naturellement faite pour le bonheur, l'amabilité, l'insouciance, j'entrais par elle dans un monde de reproches, de mauvaise conscience, où, trop inexperte à l'introspection, je me perdais moi-même."

    p. 65

     

    "La liberté de penser, et de mal penser et de penser peu, la liberté de choisir moi-même ma vie, de me choisir moi-même. Je ne peux dire "d'être moi-même" puisque je n'étais rien qu'une pâte modulable, mais celle de refuser les moules."

    p.66

     

    Duy Huynh

     

     

    "La spontanéité, un égoïsme facile avaient toujours été pour moi un luxe naturel. J'avais toujours vécu. Or, voici que ces quelques jours m'avaient assez troublée pour que je sois amenée à réfléchir, à me regarder vivre. Je passais par toutes les affres de l'introspection sans, pour cela, me réconcilier avec moi-même. "Ce sentiment pensais-je, ce sentiment à l'égard d'Anne est bête et pauvre, comme ce désir de la séparer de mon père est féroce." Mais, après tout, pourquoi me juger ainsi ? Etant simplement moi, n'étais-je pas libre d'éprouver ce qui arrivait ? Pour la première fois de ma vie, ce "moi" semblait se partager et la découverte d'une telle dualité m'étonnait prodigieusement."

    p.71

     

    "- Elle a donc élevé cet enfant. Elle s'est probablement épargné les angoisses, les troubles de l'adultère. Elle a eu la vie qu'ont des milliers de femmes et elle en est fière, vous comprenez. Elle était dans la situation d'une jeune bourgeoise épouse et mère et elle n'a rien fait pour en sortir. Elle se glorifie de n'avoir ni fait ceci ni cela, et non pas d'avoir accompli quelque chose.

    - Cela n'a pas grand sens, dit mon père.

    - C'est un miroir aux alouettes, criai-je. On se dit après : "J'ai fait mon devoir" parce que l'on n'a rien fait. Si elle était devenue une fille des rues en étant née dans son milieu, là, elle aurait eu du mérite.

    - Vous avez des idées à la mode, mais sans valeur, dit Anne.

    C'était peut-être vrai. Je pensais ce que je disais, mais il était vrai que je l'avais entendu dire."

     

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