• « Aime ton prochain comme toi-même » - Jour 17

    Il me disait :

    « aime ton prochain comme toi même »,

    c’est la jolie devise des jolies catholiques ;

     

    Il me disait

    tu sais, c’est l’autre là,

    le fils de dieu qui est aussi un peu le père

    le prophète multi-format quoi

    c’est lui qui disait

    « aime ton prochain comme toi-même » 

    tu sais là ;

     

    Il me disait

    je ne sais plus si

    c’était dans le désert ou sous les eaux lumineuses

    ou vers les oliviers qui saignaient de l’âme ou

    peut-être sur les rameaux de palmier qui singeaient la poussière

    peut-être que c’était juste avant mardi gras

    peut-être bien après le mercredi du feu et des cendres

    je ne sais pas plus pas mais

    tu sais il disait

    « aime ton prochain comme toi-même » ;

     

    C’est très joli comme pensée

    - comme les jolies catholiques -

    mais il n’a pas pensé, le métamorphe de généalogies,

    il n’a pas songé, dans ses églises vides

    - remplies de lumière désertées d’âmes -

    et si tu ne t’aimes pas

    comment traiter le prochain ?

     

    Comment le lui dire, au prochain, viens, prochain, viens, je vais t’aimer comme je m’aime,

    viens, je vais te cracher dessus dans tous les débris de tous les miroirs,

    je vais te fendre la peau avec mes ravins-doutes ;

     

    viens prochain, je vais t’aimer comme je m’aime,

    ensemble on va pleurer la douleur d’être soi

    - tout pleurer tout comme c’est dur comme c’est dur de vivre

    de vivre tous les jours chaque jour comme c’est dur ;

     

    viens prochain, je vais t’offrir chacune de mes peurs comme autant de roses

    on en fera un beau bouquet d’épines au parfum âcre de passé

    qu’on clouera sur les lèvres des amies hypocrites ;

     

    viens prochain, on va jouer au jeu des angoisses musicales,

    non, ne t’assied pas là !

     

     

    Comment le lui dire ?

    Allez, viens, prochain, je vais t’aimer un peu comme je m’aime

    de manière décousue, je vais t’aimer en transparence dans tous tes pointillés,

    je vais t’aimer en entier et te huer pour chaque détail,

    viens prochain, on va s’aimer en manque et on va s’aimer en creux,

    entre les mirages et les visages on slalomera un peu

    ensemble on oubliera les dieux polymorphes qui ne savent plus de quoi ils parlent,

    qui te pseudo-accompagnent mais comptent aussi tes cicatrices

    allez viens prochain, on va la garder leur devise

    qui s’érode et se roule dans la poussière de leurs chapelles vides

    « aime ton prochain comme toi-même »

    prochain, si tu m’aimes un peu je t’aimerais un peu ;

     

    en fuite sous les eaux ou sous les rameaux collants-transparents des faux prophètes,

    on pourra faire semblant de savoir aimer ces corps en décomposition constante

    allez prochain, viens, dans les forêts bleues de vague à l’âme

    la devise est infernale

    la question infondée mais éternelle

     

    si je t’aime est-ce que tu m’aimes ?

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