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Par Flippye le 1 Août 2020 à 16:17
il n’y aurait pas pu avoir de titre plus doux que celui d’aujourd’hui
pas d’accroche plus tendre que celle-ci
c’est qu’il faut des mots de coton pour inviter à l’écriture
retourner à l’écriture, revenir à l’écritureaoût nous étouffe, et pourtant sous la chaleur l’encre sèche
- celle qu’on verse, opiniâtre, sous les rhododendrons
celle qu’on glisse, secrète, chaque fois plus proche du cœurà chaque matin où je croise l’ami bleu gyrophare, il me donne
de ses nouvelles, et le titre du nouveau chapitre de sa vie
(à croire que je ne le croise qu’une fois par chapitre
ou bien que sa vie défile plus vite que la mienne)
cela semble lui faire tant plaisir, à l’ami,
de s’essorer les émotions pour me nommer leurs textures
leurs formes, leurs couleurs, leurs murmures,
lui qui sait, rien qu’à leur évocation, quel goût avaient les larmes.
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Par Flippye le 25 Juillet 2019 à 12:47
(jour 25)
violette
plus je bois plus je bois plus je bois
plus je t'imagine couchée sous mes mains
nos gestes imprudents, imprécis
pourtant dictés par un désir indicible
violette
plus je te vois plus je te vois plus je te vois
mille images se superposent sous ma rétine
kaléidoscope érotique de nos nuits imaginaires
j'imagine tes cheveux collés à ta peau d'oiseau
violette
j'imagine tes cheveux collés aux creux de ton corps
violette
tu n'es qu'un moineau aux avis très tranchés
un tout petit moineau aux yeux de charbon
qui me poinçonnent violette
qui me poinçonnent avec une violence
violette
quand tu me fixes avec ces yeux là
la question qui pend au bout de tes cils est limpide
violette tu demandes toujours sans le dire:
pourquoi, pourquoi vis-tu poète de pacotille
pourquoi, pour qui vis-tu, ma poète de paille et de velours
violette tu me demandes pourquoi je vis
et je n'ai pas de réponse
violette je n'ai pas de réponse
à tes pieds je ne dépose qu'un bouquet de lilas, de questions et de désirs
violette voudrais-tu jouer à nous épeller ensemble
violette veux-tu jouer à nous effeuiller ensemble
quand tu ris mon coeur se fissure de trop t'aimer en secret
ton corps secoué par des éclats réveille pour moi les sanglots
violette
si seulement la place à ton bras était libre
j'embrasserai chacune des cicatrices qui grognent sur tes cuisses
violette
je recouvrirai tes bleus d'étoiles sous anesthésie
je ferai courir, courir mes mains sur ta peau d'oiseau
je te ferai des noeuds au corps, au coeur, violette
le temps perdu ne se rattrape pas, plus
si la place à ton bras était la mienne
je baiserai tes mains pour les parsemer de poèmes
violette
si tu étais mienne
j'oserai soutenir le charbon de tes yeux quand tu me demande: poète, pour qui vis-tu
violette, je vis pour ton corps quand le rire le secoue come un grelot
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Par Flippye le 24 Juillet 2019 à 12:46
(jour 24)
souvent, souvent je me fais la réflexion: je suis bonne à aimer. j'aime dire je suis bonne à aimer, car dans tous les sens je m'y retrouve. je suis bonne. je suis aimée. je sais aimer, et j'aime aimer. je suis même très forte au jeu qu'est aimer. les peaux des autres sont un langage que je parle et pratique couramment. il est pourtant difficile de caresser une peau: tout est à inventer, constamment. une peau comme un petit oiseau, frissonnante, insaisissable. c'est une physique très particulière qui permet de calculer l'intensité des caresses à prodiguer aux peaux des oiseaux. leur fréquence. leur origine. leur point de chute. un système d'inconnues si complexe que deux caresses ne peuvent être identiques. la seule solution commune: la triviale, celle de l'absence.
il me dit tu n'es pas la femme de ma vie: tu es la femme de la tienne. quel fracas tout de même ces peaux qui se froissent. que deviennent les plis qu'on trace, qu'on encre dans les corps des autres à force de s'y glisser encore et encore? que deviennent les ombres qu'on cache entre deux côtes? je sais parler la peau, je sais parler les coups, les cous, les regards et les silences. je sais me calfeutrer dans les nuits des autres comme dans mes poèmes: on m'y croirait chez moi. je suis chez moi lorsque je suis aventurière des peaux des autres. j'ai tant découvert: les peaux de mousse, papier de sable, les peaux chaudes à l'odeur de lavande, les peaux de pirates, de fantômes, au goût de sel et de secrets. j'ai tant à offrir: je suis fontaine, source, torrent d'amour. exploratrice des énigmes que dessinent vos corps dans les reflets des désirs qu'il nous reste. je suis modulable, modelable, pâte à rêves, je suis à la fois papier buvard et tampon encreur.
jamais une once de manipulation ou de perversion dans mes errances aux bras des ombres. toujours je m'offre avec une candeur et une entièreté qui me sont à la fois chères et naturelles. je suis à la nuit. je partage mon corps comme un cadeau-surprise. sous le papier crépon et les rubans de couleur, jamais d'attachement non plus. je ne suis qu'au moment, et au moment seul. il faut accepter mon amour plein et charnu comme mon départ à l'aube. je n'aime qu'en filigrane des jours. jamais de menottes à mon poignet, ni de collier au cou - ces laisses je les cède aux autres. je suis un amour qui voyage: bien trop grand pour n'appartenir qu'à un seul. je suis un amour qui se partage: et quand j'aime, j'aime le monde.
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Par Flippye le 21 Juillet 2019 à 12:45
(jour 21)
j'erre en poésie comme une funambule
je m'en absente
je m'en absous
toujours je la ramène contre ma vie pour en extraire les thèmes
(pour écrire vrai il faut que l'encre coule du coeur)
toujours je l'éloigne pour cesser de ne parler que de moi
et tout le jeu consiste à trancher un à un les liens
entre moi et moi
(à trouver l'équilibre
entre moi et moi)
un à un trancher les cordages
pour continuer à écrire vrai sans me raconter
un à un les trancher et simplement se rendre compte
que je n'arrive pas à écrire d'ailleurs
je suis depuis longtemps - presque depuis toujours
une fausse poète, écrivaine de pacotille
avec en bandoulière ma poésie comme thérapie personnelle
j'écris depuis longtemps - presque depuis toujours
je ne sais pas penser sans encre et mots
je ne sais pas réfléchir autrement qu'à l'écrit
alors je lâche prise
sur mes grands rêves de recueils et de nouvelles
je berce en secret quelques romans très proche de mon coeur
je ne crée des couvertures que pour mes yeux propres
sur des pages que je me dédicace à moi-même
je joue à l'autrice, je me fais des promesses de littéraires
et toujours j'oscille, funambule, entre écrire beau et écrire vrai
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