• Aujourd'hui ce n'est pas moi qui écrit, c'est un ami poète qui s'invite souvent dans mes oreillettes - il a déjà composé une chanson sur une chauve-souris, je ne pouvais pas ne pas me la permettre.

    ~

    "Une chauve-souris

    Aimait un parapluie

    Un grand parapluie noir

    Découpé dans la nuit

    Par goût de désespoir

    Car tout glissait sur lui

    Une chauve-souris

    Aimait un parapluie

     

    Elle marchait au radar

    Le sommeil l'avait fuie

    Elle voulait s'mettre а boire

    Se jeter au fond d'un puits

    Une chauve-souris

    Aimait un parapluie

    Un grand parapluie noir

    Découpé dans la nuit

     

    Sans jamais s'émouvoir

    Pour cette chauve-souris

    Le grand parapluie noir

    Sortait de son étui.

    Il prenait sous son aile

    Soin d'une belle de nuit

    Qui, boulevard Saint Marcel

    Le nourrissait de pluie

     

    Puis le grand accessoire

    Se mit а voyager

    Dans son bel habit noir

    Son habit noir de jais

    Après les palabres

    Pour faire un peu d'osier

    Un avaleur de sabres

    Le mis dans son gosier

     

    À un acrobate

    Servit de balancier

    Un vendeur de cravates

    Le prit comme associé

    Puis il se déplia

    Sur une permanente

    Puis il se déplia

    Car il pleuvait sur Nantes

     

    Une chauve-souris

    Demoiselle de la nuit

    Une chauve-souris

    Aimait un parapluie

     

    Elle vint chercher l'oubli

    Au fond d'un vieux manoir

    Où elle mourrait d'ennui

    Pendant que le parapluie

    Menait au Père-Lachaise

    Une vie de bâton de chaise

     

    Un jour de mauvais temps

    Un jour de mauvais temps

    Un brusque coup de vent

    lui mit les pieds devant

    On le laissa pour mort

    Dans quelque caniveau

    On le laissa pour mort

    Avec le bec dans l'eau

     

    En voyant son squelette

    Qui faisait sa toilette

    Parmi les détritus

    Et les denrées foutues

    "C'est la chance qui m'sourit !"

    Hurla la chauve-souris

    "Je le croyais perdu

    Le manche est revenu »

     

    Riant comme une baleine

    Pleurant comme une madeleine

    Une chauve-souris

    Aimait un parapluie

    Ils allèrent se dirent oui

    Dans l'grenier d'la mairie

    Une chauve-souris

    Aimait un parapluie"

    Thomas Fersen

     


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  • "Le texte du jour doit comprendre la phrase : « Il est de ces fidélités. »"

     

    Il est de ces fidélités qui n'existent pas, que l'on perd soudainement entre les bras d'un ami d'un coup devenu amant. On y croyait dur comme bois, brique et béton, et finalement l'armure de vertu s'avère être en fer blanc. Les rencontres la fendent comme du beurre, elle rancit, et rouille et disparaît, muette. Il est alors de ces fidélités que l'on regrette dès qu'elles sont désaccordées; les mensonges poussent comme du chiendent sur une relation qui joue à la funambule; les déclarations d'amour sont sincères toujours, mais couvertes d'égratignures sur la longueur.
    Petit à petit, le corps comme l'esprit se fissurent et tout se craquèle, la tromperie, goutte à goutte, filtre hors du cerveau et contamine l'air même, ses lèvres même, et tout éclate - comme ça.
    Il est de ces fidélités au goût de verre brisé, qu'on peut porter un moment plantées dans le dos comme des couteaux. 

     

    Et puis il est de ces fidélités qui ne s'expliquent pas - ou alors peut-être; qu'on essaye de relier gentiment aux expériences d'enfant, aux je ne veux plus continuer comme avant.
    Il est de ces fidélités que je ne m'explique pas, des amitié multicolores auxquelles je suis toujours accrochée, des amours de jeunesse que je ne veux plus briser; le temps seul nous jugera, mais, tu sais, pour autant que le nuage continue à faire le tour de la terre pour retourner dans mes bras, il y aura une de ces fidélités qui ne se délitera pas.


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  • Je vous salue Claire, pleine de poèmes,

    l'assonance est avec vous,

    vous êtes couverte d'encre entre toutes ces pages,

    et vos textes, fruits de vos entrailles, sont bénis.

    Sainte Claire, mère des poèmes,

    priez pour nous pauvres pages blanches,

    maintenant et à l'heure de l'écriture,

    si seulement.


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  • clac clac clac clac

    (les talons sur le sol)

    brrrrrrrrrroorooorrooroorooororororoorororr

    (la machine qui fonctionne)

    pschhhhhhh clic

    (qui mousse)

    grasp graps, pose pose

    (soucoupe et cuillère, sucre et crème)

    shhhhhhhhhhhh

    (la machine qui se repose)

    tap tap tap tap

    (le cacao sur la mousse)

    bip, beep, bip - bip

    (mes doigts qui cliquent)

    bzzzzzzzzz

    (la quittance sur le plateau)

    schiou

    (valse avec une table)

    zouip

    (esquive d'une chaise)

    "- Bonjour Madame ! Votre cappucino !

    - ..."

    (le regard interloqué)

    "- Toutes mes excuses, je me suis trompée de table ! Je reviens de suite."

    (la tromperie)


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