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comment te dire
arrête de me parler avec toute la motivation du monde dans ta voix, comme si j'étais une petite chose frêle qu'il fallait récompenser pour chaque miette de travail
alors que
la veille, tu me serrais au creux de tes bras pour éponger mes angoisses mon stress ma panique ma peur de l'échec et toutes ses petites soeurs
comment te dire
je n'ai plus l'énergie de communiquer même te sourire me fatigue laisse moi m'emmurer dans mes tics et mes tocs de routine qui ne me demandent pas d'énergie tout en me gardant en mouvement
alors que
il n'y a pas une heure mon rire et ton rire se faisaient des croche-pattes à travers tout l'appartement, arrière-plan sonore à nos chasses de comètes
comment te dire
j'ai l'angoisse de la mort l'angoisse folle et j'ai creusé des ornières telles autour de cette terreur qu'à chaque fois que le sujet me happe je tourne en rond jusqu'à l'épuisement et la cure par le sommeil
alors que
la semaine d'avant comme celle d'après je ris du bonheur de vivre je ris de la vie elle-même tant elle est douce tant elle est chaude tant elle est belle vue de tes bras
comment te dire
ce soir mon humeur est triste à faire pleurer les pierres
alors que
dans le même temps elle pourrait basculer à l'extrême inverse pour peu que tu me racontes ce qu'est un archipel
(un outil pour creuser des architrous)
comment te dire
mon humeur une fonction trigonométrique irrégulière, aux à-pics et aux falaises, à fleur de peau et à fleur de vivre
mes états d'âme des sinus aux oscillations aléatoires, aux bouleversements instantanés et imprévisibles
comment te dire
mon humeur une girouette soudaine et têtue, un caméléon qui fait la moue difficile
mes états d'âme comme les visages de l'océan, mille facettes odieuses et irréelles, ballottant entre extase et calvaire
comment te dire
merci
alors que
merci
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à force de se singer dans le plexiglas des bonnes convenances
c'est par se trouer les lèvres que l'on va finir
c'est par se percer et la peau et le coeur et le monde
(depuis toujours le petit trou sous les intercostaux qui pulse et qui pulse)
sous mes mots toujours la même plainte la même supplique la même prière
aime-moi aime-moi aime-moi
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singing songs coming from nowhere, for no-one to be heard, speaking about poems never bound to a specific time nor space, i walk around with the poetry and the sensibility i stole from it deep sewn in my skin, looking at the sky not with blue eyes anymore but with the soul of the words, the song of the tongue.
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