•  

    j'écris ces temps, j'écris mais mes yeux ne focalisent pas, alors c'est flou, tout flou flou, et mes plans se froissent dans la chevelure des comètes, et ça fait des noeuds dans mes rêves

    j'écris mais je discrédite la ponctuation qui m'entrave, mais j'ai peur du noir des stylos qui me brûlent, des mots toujours qui refusent de se poser sous les lignes (désir je n'ose pas écrire désir mais tu te rends compte)

    j'écris comme si je parlais à mais à qui je ne sais plus, je ne sais plus à qui j'écris, je pensais ne plus écrire de lettres, alors en fait ce n'est pas de l'écriture je me condense juste contre quelques lettres qui piquent

    (piquent la peau tendre de mes rêves noués-troués)


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  • S'il te plaît, touche avec tes yeux

    garde-moi de tes désirs qui s'égarent par mégarde partout sur mon corps

    ôte tes mains de ma peau

    ôte ta peau de ma bouche

    retire ta bouche de mes lèvres

     

    S'il te plaît, touche avec tes yeux

     

    danse avec le vide peut-être qui m'entoure mais

    ôte-moi ce manteau de fantasmes qui m'accapare

    insipides tes fantasmes insipides

     

    laisse-moi redevenir laideron invisible et

    touche-moi rien qu'avec tes cils et

    enlève tes mains de mon coeur qui vacille et

    enlève ton poids de mon tempo qui béquille

     

    S'il te plaît, touche-moi rien qu'avec tes yeux

     

    laisse-moi t'aimer sans te le dire

    laisse-moi t'aimer sans rien te dire

    je n'en veux pas de ton amour

    juste mon amour

    cousu très doucement sous le coeur

    juste mon amour

    et un très grand vide tout autour

     

    laisse glisser le long de mes épaules l'huile de tes paroles

    laisse-moi renouer mon dos sans l'aide de tes doigts

    s'il te plaît, on arrête les mensonges

    s'il te plaît

    on essaye le vide

     

    touche-moi avec tes yeux

    de loin

    touche-moi rien qu'avec tes yeux

    loin de moi tes désirs qui m'encrassent

    loin de moi ton amour qui me sature

     

    je sature et

    je suture sous le coeur les petits trous de mon amour

    où tu n'y mettra point les doigts

    loin de toi ma poitrine loin de toi

     

    loin de moi reste loin de moi

    je ne porterai plus tes manteaux de fantasmes

    insipides tes fantasmes insipides

    rien qu'avec les yeux

    s'il te plaît

    il ne me reste plus qu'un vide

    s'il te plaît

    le vide et dedans les soupirs qui s'entassent

    ~

    Duy Huynh


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  • je m'efface toujours un peu vers la fin

    c'est la dernière pression qui ruine mes épaules

     

    tu m'attends à l'arrivée alors que je me suis arrêtée à l'avant-dernier virage

     

    elle est dure la chute quand elle se fait les yeux à demi-fermés

    quand on saute volontairement

    et je saute volontairement

    sans réponses aux pourquoi qui balafrent mes poches

     

    je voudrais réussir réussir réussir

    mais est-ce que je le veux vraiment

    mais est-ce que je le veux assez

     

    si c'est le oui qui danse dans mon esprit

    pourquoi je m'autorise les genoux boueux les mains écorchées

    le dos un peu voûté l'attention un peu vacillante

    pourquoi je m'efface toujours un peu vers la fin

    pour devenir transparente transparente transparente

     

    je ne suis plus la petite fille si sage

    que je n'ai jamais vraiment été mais le leur ai-je dit

    leur ai-je déjà chuchoté tout ce que j'avais dessiné dans les marges

    raconté les nuits chez des amies

    invisibles

    qui se transformaient en randonnées funambules nocturnes

    pour fuir ou rechercher des mains dociles

    invisibles

     

    je marchais dans la ville nue de désirs

    pour devenir transparente transparente transparente

     

    je m'efface toujours vers la fin, un peu

     

    mais le pourquoi se fait si longtemps attendre

    ~

     

    (Maruti Bitamin)


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  • j'erre, je reviens et je range ma chambre pour que le désordre y soit parfait, tout est à terre, vêtements, rêves et espoirs pêle-mêle roulent sur le plancher fatigué;

    j'erre, je reviens après mille tours et je range ma chambre pour préparer la rentrée, oublier les vacances, au sol un peu de fumée et mes hanches qui balancent, je reviens et je danse, sur le plancher fatigué qui pour m'accompagner se met à craquer en huit temps;

    j'erre et je reviens, je valse un peu avec le temps, un peu avec le vent - souvent avec le nuage (mes hanches qui se balancent sur le plancher qui craque), j'erre dans sa folie de toujours, irrationnelle amoureuse, et dans les vieilles chansons je chuchote son nom;

    je range ma chambre dans un courant d'air qui cicatrise les fenêtres, tout est à terre, verres, livres, poésie et promesses, je les foule aux pieds les promesses, je ne promets plus depuis maintenant, non, je danse dans l'hésitation du revenir, dans la douceur de l'abandon, m'attends-t-on, quelle heure est-il, dois-je dormir, non, je balance mes hanches au gré des vents et des couinements du plancher éméché qui grelotte;

    j'erre et je reviens, j'esquisse mille et une valses comme dans les boîtes à musique, sans me lasser, sans hésiter, mes hanches qui balancent tu sais, tout doucement comme à contre-courant, comme à contre-amant, c'est un contre-la-montre alcoolisé pour prendre de vitesse le jour qui pointe son nez entre les lattes du plancher ébréché;

    j'erre et je désespère, le jour revient comme sur ma peau tes mains, mais les morsures du nuage sont une invitation au voyage alors que la grande porte approche et le jour rouge dans le calendrier si près si près si près

    j'erre et je désespère, le jour est revenu en cachette comme ton corps sous ma couette, alors je reviens alors je reviens, et ta peau prend tant de place dans mes yeux (au moins mille superficies), mais le jour encadré de rouge dans le calendrier approche et me pince et j'ai déjà peur de ne plus te voir.


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