• Il y a de ces femmes qui devraient vivre nues;

    nues tous les jours, nues toutes les heures, nues chaque seconde.

    Elles promèneraient leurs jolis corps leurs jolies courbes,

    le long des nuits sans fin sans froid, sans feu sans dieux;

    elles leur feraient faire le tour de la ville, le tour du proprio,

    le tour de la mappemonde - où elles danseraient nues autour de tes bras

    nus dans lesquels elles ne s'arrêteraient pas.

    Il y a de ces femmes qui devraient vivre sans peau,

    sans cicatrices sans mémoire sans souvenirs sans hématomes

    il leur faudrait vivre avec le sans

    courir sans dents sans coeur sans sourire sans rancune sans rancoeur;

    il y a de ces femmes qui ne devraient pas

    parler, hurler, murmurer marmonner hululer désirer à haute voix

    vivre sans voix c'est cela;

    vivre sans toi, c'est ça.

     

    De ces femmes sans livres, sans histoires sans mémoire

    il en reste quoi ?

    Il reste moi.

    Les autres, oubliées ternies effacées,

    on fait semblant de les ignorer;

    on ferme discrètement les yeux des métros bondés.

    On vit sans peau, sans vêtements sans cicatrices sans foutoir

    on marche dans la neige sans faire de traces,

    dans la vie sans faire de traces,

    le long des jour sans faire de tracas

    le long des nuits sans faire de chichis

     

    on marche dans la neige sans faire de traces,

    dans la vie sans faire de traces

     

    on quitte tes bras sans faire de bruit,

    on quitte ton lit sans faire de bruit,

    je quitte ta vie sans faire un bruit.


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  • Ensuite il y a les mots durs et les phrases qui écorchent

    celles qu’on ne sait pas prononcer - parce qu’on ne savait pas alors

    que ce serait un jour à notre tour de les dire, alors

    - alors ces phrases on les épelle à peine - on peine

    à les dire on les chuchote on les marmonne - on les cache

    et on se les cache, on les oublie, on les passe sous silence,

    parce qu’elles nous brûlent la langue ces phrases - ces toxines de mots,

    encre-poison, voix-malheur, phrase-coupable,

    discours-sans-antidote

    discussion-sans-issue

    papier-goût-mélancolie

    calligraphie-du-manque

    lettre-vide

     

    elle a mille noms, ton absence.

    Anormalie ~

    (if u know the picture from where this drawing comes from, please let me know)


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  •  

    ~

    Le poème du j'ose pas tu vois ahah

    J'ose pas
    j'ose pas écrire grand marcher comme les grands écrire comme les grands
    rêver comme les grands -rêver grand tout court-
    j'ose pas
    j'ose pas j'ose pas j'ose pas, j'ose pas
    courir comme les grands parler comme les grands réfléchir comme les grands
    ne plus pleurer comme les grands, souffrir comme les grands
    lire les journaux des grands
    penser comme les grands
    j'ose pas
    j'ose pas j'ose pas j'ose pas j'ose pas
    chanter comme les grands j'ose pas
    regarder dans les yeux des grands j'ose pas
    parcourir le monde des grands j'ose pas
    mettre les chaussures de grands, les habits de grands, les épaules des grands sur lesquelles tout repose
    j'ose pas les porter j'ose pas
    même les toucher j'ose pas

    je me balade nue sous les responsabilités
    je déambule, funambule,
    j'ose pas

    t'écrire les lettres de l'amour
    j'ose pas
    porter la déconfiance au feu des timidités
    j'ose pas
    je me coule coule coule coule coule
    et fais semblant
    c'est plus simple
    moins stressant

     

    c'est le poème du j'ose pas

    te demander de la guitare j'ose pas
    te demander de l'amour j'ose pas
    te demander d'arrêter j'ose pas
    même m'arrêter de ne pas oser, j'oserai pas

     

    et crier hurler pleurer taper du poing
    fendre les murs frapper les crânes jongler les larmes
    taguer les voitures exploser l'ennui l'attraction fuir sauter le pas

    et l'assurance-mensonge qui déborde de plaintes et me plaindre
    et éteindre et stop et stop stop stop stop point stop stop stop

    ce serait (trop simple) (d'oser) (alors j'ose pas)

    ce serait tu vois
    ce ne serait pas tellement moi

    parler comme les grands, avec la voix des grands les décibels des grands l'assurance des grands
    ce serait pas tellement moi
    qu'on m'entende comme les grands que je me tourmente comme les grands
    je n'ose pas te dire que je n'ose pas ne pas être moi
    mais que moi c'est si peu si rien si vide
    si fragile si transparent si néant
    si spacieusement absent

    alors je me soule soule soule soule soule
    et fais semblant
    c'est plus simple
    moins blessant


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