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  • Hier, j'ai visé les étoiles et atterri sur la Lune.
    Une Lune toute jolie
    toute gentille
    toute mignonne
    (comme la comptine de ma grand-mère).

     

    Elle me dessinait le voyage en vert
    et en filigrane, en vert et en bleu,
    elle m'a envoyé des perles, du thé,
    des bouts de rêve et de la musique en bocal.

    Elle m'a chuchoté des notes de piano au coin de l'oreille
    la nuit, quand tous les yeux sont fermés sauf les siens,
    et m'a emmenée dans ses lettres à l'autre bout du monde,
    à quelques centaines de kilomètres à peine peut-être;

    de ses cartes postales s'émanait une douce chanson,
    celle de l'Espagne, du départ et de l'absence,
    tandis que ses mots avaient le goût d'ailleurs,
    le goût du bonheur et celui des adolescences en deuil.

    Elle grandit Lune, ou tout du moins dans ses lettres,
    elle m'a envoyé un bout d'elle, un morceau à peine
    d'une jeune fille tout juste femme,
    d'une étoile pas encore mûre,
    pas encore tout à fait sûre
    d'elle-même.

    Mais ça m'a fait du bien, et ça m'a fait plaisir.
    J'ai toujours rêvé après tout de rencontrer une étoile !

     

    Car, définitivement, Lune c'est une étoile, une très belle étoile,
    et à coup sûr, pas uniquement dans ses mots,
    quoique ne vous y trompez pas, ses mots sont beaux bien sûr !
    Mais ce qu'elle m'a laissé apercevoir l'était bien plus.

    Dans les odeurs de thé, dans la musique qui s'accumule,
    au milieu des photos qui sans un mot la décrivent,
    je me suis laissée porter, longtemps, par les vagues de son voyage,
    sans boussole sinon la sienne, les mains à la toile d'une âme à la dérive...

    Lune, elle m'a fait voyager, d'un bout à l'autre du monde.
    De mon quotidien jusqu'au sien, de mes mots à ses lettres.
    Elle m'a offert un bout d'elle, un bout d'espace,
    un morceau de musique que j'écoute chaque nuit,
    un fragment d'Espagne, et des bougies près de mon lit.

    Je pensais viser les étoiles et j'ai rencontré la Lune...
    C'est une jolie rencontre tout autant qu'un joli voyage ~


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  • "But what if i fall"
    "Oh, darling, what if you fly"

     

    De caillou en caillou
    de pierre en pierre
    de nuage en nuage

    (tu voles)

    dans le grand dissolvant véridique
    dans la javel épaisse de la vie
    dans la mélasse des journées bleues

    (tu voles)

    sur mon bureau comme les feuilles blanches
    sur les toits de tout Paris
    sur les arbres et les corps en feu

    (tu voles).

    De plage en plage
    de coquille en coquille
    tu troques ton coeur contre des coquillages.
    Autour de toi, une odeur de soleil et de vanille
    paresse dans le vent du soir.

    Dans le très grand crépuscule des très courtes nuits
    dans la nuisette de tous les saints
    dans le sein de toutes les femmes

    (tu voles).

    Et dans mon propre corps
    dans ma fragile barrière épidermique
    nerveuse, blanche, nervurée,
    aussi bourgeonnante que la tienne,

    c'est mon coeur que tu voles.
    Aussi facilement qu'une étincelle
    allumerait la flamme
    du baril de poudre posé entre nos lèvres
    en ce très grand crépuscule. 


     

    Image : Papillonnage


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