• Lasse des mots vides de sens et de sentiments,
    Lasse des phrases écornées et tâchées de bonnes intentions,
    Lasse des images qui ne nous appartiennent plus et ne veulent plus rien dire,
    Lasse de moi.

    Marre des hypocrites, des salauds et des menteurs,
    Marre des lâches, des tyrans, des soumis et des traîtres,
    Marre des dictateurs, des bourreaux, des misogynes et des rascistes,
    Marre de moi.

    Fatiguée de cette vie trop souriante alors que je pleure,
    Fatiguée de cette vie trop heureuse et joyeuse alors que je souffre,
    Fatiguée de cette vie trop monotone alors que je change jour après jour,
    Fatiguée de moi.

    Découragée des progrès que doit faire l'humanité,
    Découragée du chemin qu'on fait à reculon en tournant le dos,
    Découragée de la théorie des deux pas en avant et des trois en arrière,
    Découragée de moi. 

    Qu'est-ce que je fais ici puisque personne ne veut de moi ?


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  • Une main se pose sur mon épaule.

    J'ai envie de crier, de pleurer,
    De partir et de rester.

    La main secoue mon épaule.

    J'ai fermé les yeux, fermé à les éclater,
    J'ai écrasé mes paupières l'une contre l'autre,
    Et je ne les rouvrirai plus jamais.

    La main me retourne face à elle.

    Ils sont là, je le sais.
    Ils m'attendent pour me piéger
    Au jeu cruel des ombres qui parlent
    Et des mirages qui s'effacent.
    Ils sont tous là, tous fin prêts,
    Mais je n'ouvrirai plus les yeux, plus jamais.

    La main me tapote les joues.

    Je me débats, je frappe le vide,
    Ils sont là ! Tels des fauves, je les sens
    Me tourner autour, attendant le bon moment
    Pour frapper mon visage devenu livide.

    La main appelle son binôme,
    Et bientôt à deux elles agrippent mes épaules.

    Et moi j'ai peur. Pas peur pour ma vie, non.
    Ni pour mes proches, ma famille ou mes amis.
    Les autres ne les voient pas. Las !
    Je le sais, moi, qu'ils sont pourtant là.
    Non, j'ai peur pour moi. Je vais souffrir, je le sais.
    Et je retarde le moment où je devrais les affronter.
    Les yeux fermés, le corps crispé, je me bats,
    Comme une lionne protège ses petits,
    Je me bats avec la force du désespoir,
    Avec la force de celui qui se sait déjà parti.

    Avec les mains vient la voix.
    Elle aussi elle crie, comme les cris autour de moi.
    Mais c'est un cri de peur, pas un cri de guerre,
    Alors, réticente, j'entrouve les paupières.

    Et là, comme d'habitude, je vois ma mère.

    Elle a peur de moi
              peur pour moi  
              peur en tout cas...

    Je prends l'habituelle excuse du cauchemar,
    Mais je les vois maintenant, les yeux grands ouverts,
    Et je la regarde craintivement qui repart,
    Alors que dans leurs yeux brûle une folie meurtrière... 


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  • Partir si loin que personne ne me retrouverait... Même pas eux...
    Surtout pas eux. 


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  • J'étais seule l'autre soir,
    Seule sur mon banc à contempler la nuit,
    Seule humaine scrutant le vide de l'infini,
    Sombre humaine déchiffrant ce sombre noir,
    J'étais seule, l'autre soir,
    Sur mon banc (public le banc, vous l'ai-je dit ?)
    Seule donc, et pourtant soudain j'entendis
    Des pas lourds déchirant le noir.
    Je devinais la vague silhouette d'un homme en pardessus.
    Il marchait, et le voyant de près je le reconnus.
    C'était toi. Comme une évidence cela m'est apparu.

    C'est à ce moment-là que tu ne m'as pas vue.

    Tu as tristement continué ton chemin dans le noir.
    Plongeant de nouveau sans peine dans les ténèbres,
    Pas un bonjour, pas un salut, pas un au revoir,
    On ne pourrait même pas qualifier nos retrouvailles de brèves.
    Je me remis alors à décrypter le vide de l'infini,
    Seule sur mon banc (public mon banc, vous l'ai-je dit ?)
    Et alors que l'aurore succèdait lentement à la nuit,
    Je rentrai chez moi et décidai de partir définitivement d'ici... 


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