• Tu semblais si douce, si tendre mais si sauvage...
    Comme un oiseau de feu éperdu de libertés.
    J'aurais tellement voulu te protéger des orages,
    Mais tu semblais toujours vouloir t'échapper.

    J'aurais voulu pouvoir te prévenir
    Qu'il te fallait abandonner tes rêves,
    Parce qu'ici, pour arriver à survivre,
    Il ne faut leur accorder aucune trêve.

    Et pourtant...

    J'ai vu le soleil brûler cruellement tes ailes,
    Je t'ai vu chuter du haut de tes utopies.
    Quand je t'ai rattrapée, tu étais si faible,
    Que tu semblais à tout jamais partie.

    Malgré tout...

    Malgré tout tu as survécu,
    Tu as osé de nouveau croire.
    Blessée, tu as guéri, et tu as pu
    Reprendre le fil de ton histoire.

    Mais...

    Il restait une trace infime mais perceptible,
    De la blessure qui ne guérit jamais complètement.
    Tu as beau rester sur tes gardes, invincible,
    Moi, je devine encore ton tourment.

    Car...

    Je le sais, je l'ai vu gravé dans tes yeux,
    Au moindre doute tu es prête à partir,
    À partir pour de bon, à rester aux cieux,
    Quitte pour cette fois à devoir mourir...


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  • Tadadidam dam. Tadadidam dam...

    Elle chantonnait doucement en marchant dans la rue. Rentrant chez elle après les cours, bravant le froid et la bise glaciale, elle chantait. Tout doucement, ses onomatopées se transformèrent en mots, puis en phrases. Une chanson inspirée par la vie en général, par cette route qu'elle parcourait seule. La rue était vide de monde, le froid décourageant même les plus résistants. Elle bifurqua dans un petit chemin de terre meuble, recouvert ce jour-là de neige et de glace. Elle descendit le long de la rivière, répétant les mêmes phrases en boucle, améliorant ici un mot, là une respiration; changeant tantôt les virgules de place, tantôt les points, tantôt la place des mots ou l'ordre des phrases. Soudain elle s'arrêta, pour ne pas effrayer un oiseau qui venait de se poser sur une branche en face d'elle. Observant le plumage noir et gonflé, l'oeil vif et le bec jaune, le corps mobile et leste, les pattes fines et les ailes graciles, elle se prit à rêver.

    Et si j'étais un oiseau ? Et si je pouvais voler ? Voir le monde d'en haut ? Le voir de moins près ?

    Mais vint le temps de rentrer : les devoirs attendaient, ainsi que les révisions, les tests à apprendre, les cours à rédiger, les rédactions, compositions et autres dissertations à décortiquer...

    Ne plus jamais travailler ? Ne plus rentrer dans ce moule ? Ne plus faire ce que l'on attend de moi ?

    Elle s'arrêta sous le porche, les clés à la main. Réfléchit encore. Et encore un peu. Puis elle mis doucement son trousseau dans la boîte aux lettres, déposa légèrement son sac à terre et en sortit une feuille vierge. Sur la feuille, qu'elle rangea près du trousseau de clés, un mot :

    Oiseau.

    Puis elle partit.


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  • - << Je t'aime. >>

    Trois petits mots claquant dans le vide. Malgré la distance, ils lui apparurent plus clairs que s'il les lui avait chuchotés à l'oreille. Trois petits mots pétris d'une simplicité et d'une conviction incroyable. Trois petits mots tout simples mais qui souvent bouleversent tout. Trois petits mots qui si souvent ne veulent plus rien dire. Et là, il les lui avait balancés, comme ça, sans préavis. Mais son avis à elle, qui en tenait compte ? Il l'aimait, et pour lui son amour résolvait tout. Pour lui son amour comblait tout. Mais elle, comment elle faisait ? Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre ? Comment lui expliquer que son coeur à elle ne pouvait plus aimer ? Elle se souvenait encore, rien ne s'était effacé. Même après tout ce temps. Même après tout ce temps, sa promesse tenait toujours. Mais à laquelle restait-elle fidèle déjà ? 

    - << Je t'aimerai toujours. >>

    Première promesse. Cri du coeur traversant les larmes, les insultes, les coups et la stupéfaction. Derniers mots enterrant la fin d'une histoire. La fin d'une histoire. Son histoire. Ou leur histoire. Trois grands mots qui pourtant prennent toute la place dans son petit coeur. Trois grands mots qui évincent les plus petits mots, comme ce "Je t'aime" lancé à travers la foule.

    - << Plus jamais. Plus jamais ça. Aucun autre ne me fera plus de mal. >>

    Dernière promesse en date, qu'elle avait bien l'intention de tenir. Plus jamais ça. Plus jamais de mal. Pour faire mal à quelqu'un, il suffit de le toucher de l'intérieur. Pour toucher quelqu'un de l'intérieur, quoi de mieux que de faire partie de sa vie ? Pour que quelq'un vous blesse, il faut que ce quelqu'un vous connaisse, ait une emprise sur vous. Pour se soustraire à toute emprise, autant ne jamais plus laisser pénétrer quelqu'un à l'intérieur, voilà tout. Alors ce "Je t'aime" lancé comme une bouée de sauvetage, elle le laissa passer. Plus jamais ça. Plus jamais...


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  •  

    Un chant résonnait dans les ténèbres. Une sorte de mélopée douce, échappée des lèvres d'un chanteur plein d'espoir. Pauvre de lui. Il n'a pas encore compris que ceux enfermés ici ne ressortent jamais. Trop de boue serait remuée si l'on revenait à la surface du monde. Sa mélodie entêtante résonne le long des parois sombres. Elle rebondit sur les murs, se cogne au plafond. On la dirait trop étroite pour rester emmurée ici, loin de la lumière de l'extérieur. Cette chanson venue d'un autre monde semblerait presque déplacée ici, cloisonnée entre ces barreaux sordides. Cette symphonie de petites notes humbles flotte pourtant dans les airs, et les derniers accords résonnent longtemps dans l'atmosphère soupçonneuse. Un grand silence suit. Puis le chant reprend, scandé cette fois par une petite voix fluette. Une autre voix s'ajoute, un soprano je crois. Puis une autre voix encore s'additione à ce nouveau choeur, un lourd ténor. Puis d'autres encore, et encore. La prison reprend vie, et l'espoir renaît encore une fois. Et encore. Grâce à un chanteur plein d'espoir...

     


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